Les Petits, paru le 12 janvier dernier, marque le retour de Christine Angot chez Flammarion. Pour la première fois, la romancière s'efface derrière le portrait d'Hélène, une mère manipulatrice qui a fait quatre enfants à un musicien antillais avant de s'en débarrasser. Le "je" cher à la fiévreuse romancière, laisse place à la troisième personne du singulier.
Il y a une semaine, Bibliobs - site d'information littéraire du Nouvel Observateur - racontait comment ce livre était inspiré d'une histoire vraie, pas si éloignée de l'auteur. L'Hélène du roman est en réalité Élise Bidoit, et le père "des Petits", est l'actuel compagnon de Christine Angot.
Dans Bibliobs, la journaliste Anne Crignion écrit : "C'est ainsi que les enfants d'Élise sont les enfants du livre. Un week-end sur deux, 'les Petits' - 5, 7, 9 et 11 ans sont chez la romancière avec leur père. Résumons la situation: les quatre enfants d'un couple séparé jouent dans une pièce; dans une autre, la nouvelle femme de papa écrit un livre où elle torpille leur mère." Elle se souvient aussi de la critique d'un confrère : "Dans les Inrockuptibles, Nelly Kaprièlian exprime une certaine gêne, 'lorsque l'on s'aperçoit que le récit de la vie du couple servi pendant plus de cent pages n'est autre que la version de l'homme, écrite par sa nouvelle compagne, l'auteur'. Roman, autofiction, récit, manipulation?"
Aujourd'hui, Élise Bidoit veut porter l'affaire devant les tribunaux grâce à Me Vincent Tolédano, spécialiste des questions de liberté d'expression et de vie privée (un redoutable et très compétent avocat !). Comme le souligne la journaliste dans Bibliobs, les juges auront la lourde tâche de dire où s'arrête la liberté de créer de Christine Angot et où commence le droit à la protection de la vie privée d'Elise Bidoit.
Cette affaire rappelle également le procès qui attend Patrick Poivre d'Arvor que son ancienne compagne, Agathe Borne, accuse d'avoir transposé leur relation dans son roman Fragments de la vie d'une femme perdue en 2009. Le procès vient d'être renvoyé au 8 juin 2011 devant la 17e chambre civile.
Christine Angot a toujours privilégié l'autofiction, en 2008, Le Marché des amants revenait sur sa relation tumultueuse avec Doc Gyneco. Le rappeur n'avait pas porté plainte et même déclaré avoir aimé le livre qui "décrivait leur amour impossible sans voyeurisme..."
Affaire à suivre...
Nicolas Nieto