Le monde du sport en France rencontre quelques affaires qui risquent de faire grand bruit dans les prochains mois. Après l'affaire Marlène Harnois qui secoue le microcosme du taekwondo, c'est l'affaire Anne Fatoumata M'Bairo qui agite le Landerneau du judo.
Agressée dans sa chambre de l'INSEP le 12 avril dernier par Clarisse Agbegnenou et des amies à elle, dont la médaillée olympique Priscilla Gneto, la jeune femme reprend aujourd'hui péniblement la compétition, encore traumatisée par la violence de l'agression qui a conduit à la suspension avec sursis des coupables.
"J'essaie de remonter la pente mais j'ai toujours des moments de faiblesse, confiait Anne Fatoumata M'Bairo dans les colonnes du Parisien le 10 juin. Malgré ce que je laisse apparaître, je reste traumatisée. Mentalement, je suis touchée car je n'aurais jamais pensé qu'on pouvait me faire ça." La jeune femme de 20 ans évoque également une blessure, aggravée par la bagarre et qui aurait pu la conduire à une opération.
Suivie par un psychologue, elle raconte comme elle s'est retrouvée seule dans sa chambre, prise à partie par cinq autres pensionnaires de l'Insep : "L'histoire a commencé quand un garçon m'a dit d'éviter de côtoyer ces filles-là car elles n'étaient pas fréquentables selon lui. Je lui ai répondu que j'étais assez grande pour juger si elles l'étaient. Et mes propos ont été déformés. Je m'étais d'ailleurs expliquée dans un premier temps avec Clarisse qui m'avait dit : 'OK, pas de problème'. Mais..."
La suite, c'est une agression, une plainte au pénal et une commission de discipline. Si cette dernière a blanchi la jeune Anne Fatoumata M'Bairo, les condamnations à un an de suspension avec sursis de compétition de Clarisse Agbegnenou et de trois mois de suspension avec sursis pour les autres sonnent comme un désaveux pour la jeune femme : "Je suis tombée en pleurs, raconte-t-elle. Je me suis sentie un peu humilié. Quelque part, on soutenait des filles qui ont un palmarès. Et moi qui suis la petite jeune..."
Depuis, les petites intimidations se poursuivent et les allusions à l'incident se multiplient, notamment du côté des agresseurs. "Ce matin [le 9 juin, ndlr], j'étais en train de courir dans la salle d'échauffement et on m'a bousculée par derrière. C'était Clarisse qui a poursuivi son chemin sans même me dire pardon. Et puis il y a une semaine et demi, à chaque fois qu'elle et ses amies me voyaient, elles chantaient, vous savez, le titre 'Je porte plainte pour coups et blessures.' [dont les auteurs ne sont autres que les BB Brunes, ndlr]", poursuit Anne Fatoumata M'Bairo. Désormais, elle attend beaucoup de son action au pénal, tout en reconnaissant que "ça n'effacera pas les nuits très difficiles que j'ai passées et les moments où je ne voulais plus sortir de ma chambre."