"Faire des enfants, c'est faire des condamnés à mort", dit le réalisateur Claude Lanzmann dans les colonnes de Paris Match. Le journaliste, écrivain et cinéaste producteur de cinéma se confie à Valérie Trierweiler, à l'heure où les éditions Gallimard lui rendent hommage à travers les témoignages de vingt personnalités. Il aborde évoque ainsi sans détour et avec clairvoyance la mort de son fils, Félix, le 13 janvier. Le jeune homme avait à 23 ans.
Claude Lanzmann, 91 ans, a vécu bien des épreuves. Le résistant doit désormais résister à l'absence, celle de son fils né de sa relation avec le docteur Dominique Petithory. "Je suis le premier, avant même les médecins, à avoir prononcé le mot de cancer. Nous avons décidé de publier cette lettre après que des centaines de personnes m'ont demandé à la voir. Sa disparition est un tel choc ! J'ai froid dans tout mon corps. Je tremble comme si une chape de glace s'était emparée de moi. Faire des enfants, c'est faire des condamnés à mort. Je suis heureux d'être parvenu à cet âgé considérable sans avoir de petits-enfants. On se réjouit du cri primal de l'enfant, mais il annonce l'agonie. Moi aussi, j'ai applaudi quand j'ai entendu celui de mon fils à sa naissance. Mais j'avais déjà près de 70 ans. Et jamais je n'aurais pu penser qu'une telle chose arriverait à Félix. Il nous a donné un leçon de courage. Mais je crois toujours en la vie, elle est en moi, chevillée au corps," dit Claude Lanzmann.
Le réalisateur de Shoah a donné la parole à son enfant disparu, normalien, dans la revue Les Temps modernes qu'il dirige en publiant le texte qu'il avait adressé à son chirurgien. "Je n'avais pas choisi la maladie mais il m'incombait d'exercer ma liberté contre elle. (...) À moi, la contrainte s'imposait, on me l'apportait sur un plateau en argent. Quelle chance ! Il m'était donné de devenir libre à 21 ans seulement. Un sentiment de bonheur intense s'ensuivit. J'avais évidemment la peur au ventre – qui ne l'eut pas eue ? – mais cela ne m'empêchait pas d'être plus heureux que je ne l'avais jamais été auparavant", avait écrit Félix Lanzmann au médecin Charles Honoré qui exerce au sein de l'établissement Gustave-Roussy.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Paris Match du 2 mars