Du combo basket-survêt au hijab, il y a un grand pas que Mélanie Georgiades, aka Diam's, a effectué dans la plus grande incompréhension.
Après trois ans et demi de silence et la diffusion de clichés où le grand public l'avait découverte voilée et sortant d'une mosquée, la chanteuse revient sur le devant de la scène avec une autobiographie dans laquelle elle répond aux questions que tous ses fans se posent. Depuis la sortie de l'ouvrage le 27 septembre dernier, Mélanie Georgiades répond, enfin, aux questions de la presse, écrite comme radio, et n'élude aucun sujet. Du succès à la dépression, de l'internement en hôpital psychiatrique à la tentative de suicide, de la découverte du Coran au port du voile, la jeune femme revient sans ambages sur les grands moments de sa vie comme ce lundi matin au micro d'Europe 1.
Mais ce dimanche 30 septembre, c'est sur TF1 dans l'émission Sept à Huit que la jeune mère de famille - elle a donné naissance à une petite Maryam il y a quatre mois - répondait aux questions de Thierry Demaizière, bien évidemment voilée, une grande première. Une interview qui a tourné essentiellement autour de la religion et de la foi de l'interviewée comme cela avait été décidé au préalable. Femme épanouie, heureuse et apaisée, Diam's ne s'appelle plus Diam's mais bien Mélanie Georgiades : "Je suis redevenue une femme normale, je n'ai plus besoin de pseudo."
Elle explique ainsi sa longue descente aux enfers dans la coulisse, alors que son public la découvrait à chacune de ses apparitions heureuse et enthousiaste. Une imposture selon elle. "Les à-côtés étaient très douloureux, confie-t-elle. Le silence, l'angoisse, la solitude. Le statut de star ne me convenait pas. J'ai essayé de kiffer mais je n'y suis jamais arrivée. J'ai essayé de m'amuser dans les soirées, de me peopoliser. J'ai tout eu, tout ce que quelqu'un a rêvé d'avoir dans une vie de star. J'ai cru à ce rêve mais c'était un leurre. J'étais tellement obnubilée par ma petite personne que j'en oubliais les autres. (...) J'étais malheureuse, seule dans mon lit, à ne pas savoir ce que je fichais sur la Terre. Pourquoi ce succès, cet argent, à quoi bon ? Pourquoi moi ? (...) J'ai longtemps pleuré toute seule dans mon grand appartement. J'étais malheureuse parce que j'étais devenue une femme de business, je n'arrêtais pas de me demander pourquoi autant d'argent."
Dès lors, la jeune femme va enchaîner les séjours en hôpital psychiatrique, vivre sous l'emprise de médicaments, "pour tuer la douleur, la faire disparaître", sans pour autant trouver la paix et l'amour qu'elle cherche depuis des années et qu'elle exprimait dans son dernier opus, S.O.S. Et cet amour, elle va le trouver dans l'islam par le plus grand des hasards. Elle, la jeune femme baptisée, communiée et confirmée, c'est en allant prier avec une de ses amies musulmanes qu'elle se sentira enfin apaisée : "Je me suis prosternée et c'est comme si des montagnes entières étaient tombées de mes épaules." Un séjour à l'île Maurice plus tard, où elle était partie seule avec le "saint Coran", et Mélanie Georgiades en était convaincue : "Ça a été la révélation, j'ai eu l'intime conviction que Dieu existait."
Sur le voile, transformation la plus visible de l'ancienne Diam's, Mélanie Georgiades s'explique : "Plus je lisais, plus j'étais convaincue. J'ai lu qu'il était préférable à la femme de rester discrète, pudique (...) Et j'ai lu un verset du Coran là, j'ai dit ah non, je peux pas, c'est bizarre. Je me souviens avoir marché sur la plage, et me dire 'Mélanie, tu reconnais que Dieu est le créateur du ciel, du soleil, de la pluie, il te demande ça et tu chipotes ? Allez, on va essayer.'"
Du petit foulard au hijab, la jeune femme reconnaît qu'elle tient alors sa spiritualité secrète. Seul son entourage sait qu'elle s'est convertie à l'islam. Mais les photos publiées dans la presse vont la prendre de court... "Ça a été du vol, poursuit-elle. On m'a volé une partie intime de ma vie." Un choc pour sa famille qui ne l'avait jamais vu voilée : "Tout le monde a perdu pied. Mon entourage proche, mais les aussi les gens qui travaillent avec moi. J'ai perdu une grande partie de mon équipe car plus personne n'avait confiance."
Apaisée et loin de la Diam's en colère qui chantait son mal-être, Mélanie Georgiades ne se voit plus rapper comme elle le faisait : "Je suis en train de gagner une vie de sérénité, de paix, de famille et je n'ai plus aucune colère en moi. En plus, je ne me vois pas rapper habillée comme ça. J'ai un bonheur dans mon coeur que personne ne peut me voler."
Un discours que la jeune femme a également tenu au micro de Bruce Toussaint sur Europe 1, martelant son mal-être chronique, expliquant une nouvelle fois qu'elle n'avait "pas su gérer le succès" et qu'elle avait été "prise d'une révélation en lisant le saint Coran" : "C'est dans l'islam que j'ai découvert une voie de sagesse." Enfin, plus que sa conversion, elle affirme avec force que c'est son voile qui avait choqué, mais que loin des préjugés, des méchancetés et des critiques, elle vivait "dans un petit village de banlieue, maman, heureuse."