Alors que des rumeurs au sujet d'un film sur son affaire enflent et se précisent, Dominique Strauss-Kahn sera convoqué mardi 21 février par la DIPJ de Lille dans l'affaire de proxénétisme dite "affaire du Carlton" et doit être entendu sous le régime de la garde à vue. C'est une information du site internet de La Voix du Nord, reprise par l'AFP. C'est à 9h que l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) sera convoqué pour y être entendu dans une ancienne caserne de gendarmerie à Lille.
L'ancien ministre socialiste peut être assisté d'un avocat lors de cette garde à vue qui peut durer jusqu'à 48 heures. Selon le site du Journal du Dimanche, la convocation est arrivée en fin de semaine au domicile parisien de DSK. Au sujet de cette affaire du Carlton, DSK confiait via la plume de son biographe attitré, Michel Taubmann : "C'est une accusation terrible. Dans la presse, on associe mon nom à la prostitution. C'est insupportable. J'ai participé à des soirées libertines, c'est vrai. Mais d'habitude, les participantes à ces soirées ne sont pas des prostituées."
Si les juges d'instruction estiment qu'il existe des charges à son encontre, il pourrait, en effet, être poursuivi pour complicité de proxénétisme et recel d'abus de biens sociaux. Pour cela, il devra être démontré qu'il avait connaissance de l'éventuelle origine frauduleuse des dépenses dont il aurait bénéficié. L'ex-patron du FMI et époux d'Anne Sinclair a demandé à plusieurs reprises à être entendu dans cette affaire de proxénétisme mettant en cause des responsables hôteliers Lillois et des dirigeants d'entreprises du bâtiment. Il a en effet évoqué ce souhait depuis la mi-octobre dans le but de mettre fin "aux insinuations et extrapolations hasardeuses et encore une fois malveillantes".
DSK devrait être interrogé au sujet de parties fines auxquelles il aurait pris part, notamment à Paris et Washington, afin de déterminer s'il savait que les femmes qui y participaient étaient des prostituées ou encore escort-girls, rémunérées pour leurs "prestations". Selon une source policière, une mise en examen et un défèrement de DSK devant un juge des libertés et de la détention pour statuer sur un éventuel mandat de dépôt que pourraient demander les juges n'était pas exclu. Il est peu probable que Dominique Strauss-Kahn puisse récolter un mandat de dépôt, mais une mise en examen et un contrôle judiciaire assez strict sont bien possibles.
Rappelons que ce voyage à Washington s'est terminé la veille du scandale du Sofitel à New York. Après avoir été emprisonné, DSK et son épouse Anne Sinclair trouvaient refuge, pour 50 000 dollars par mois, dans une luxueuse maison du quartier de TriBeCa en plein coeur de Manhattan. Depuis Anne Sinclair est devenue la directrice éditoriale de la version française du site américain d'informations Huffington Post, qui est hébergé dans les locaux du journal Le Monde.
La question d'éventuelles contreparties à ces soirées, organisées et financées notamment par l'un de ses proches, Fabrice Paszkowski, responsable d'une société de matériel médical et David Roquet, ancien directeur d'une filiale du groupe de BTP Eiffage, va forcément lui être posée. Ces deux hommes qui ont été mis en examen dans ce dossier pour "proxénétisme aggravé en bande organisée, association de malfaiteurs, escroquerie et abus de biens sociaux" ont été mis en prison pendant plus de 3 mois. D'après leurs avocats, leurs clients ont répondu par la négative à la question d'éventuelles contreparties financières à ces soirées.
Dominique Strauss-Kahn pourrait également être entendu par les policiers de l'IGPN (Inspection générale de la police nationale), la "police des polices", suite à la garde à vue du commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde, chef de la Sûreté départementale du Nord. Ce commissaire, très proche de DSK a depuis été mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée et recel d'abus de biens sociaux" et suspendu de ses fonctions. D'autres policiers Lillois ont également été entendus dans ce volet "corruption de fonctionnaire possible" de l'affaire.
Quant au patron de la police du Nord, Jean-Claude Menault, 62 ans il a quitté ses fonctions rapidement pour être muté à Paris. Une mutation qui ressemblait à une sanction au lendemain de sa garde à vue dans cette affaire de proxénétisme liée à l'hôtel Carlton de Lille, pour laquelle il n'a fait l'objet d'aucune poursuite. On lui reprochait d'avoir fait partie de "l'escapade" à Washington avec les autres "mis en examen" de ce dossier, qui avaient rendu visite à DSK avec des "escort girls". Jean-Claude Menault avait annoncé que "dès qu'il serait muté", il ferait "valoir ses droits à la retraite". C'est chose faite.
Une garde à vue de 96 heures est possible dans ce dossier... Afin que Dominique Strauss-Kahn s'explique, réponde à toutes les questions des policiers, 48 heures seront-elles suffisantes ?
A suivre... mardi 21 février.
Toutes les personnes citées dans cette affaire sont toutes présumées innocentes des faits qui leur sont reprochés, jusqu'à leurs jugements définitifs.