Nafissatou Diallo, la femme de chambre qui accuse Dominique Strauss-Kahn de viol, vient de s'exprimer devant les journalistes, officiellement pour remercier ceux qui l'ont soutenue. D'origine guinéenne, la victime présumée était accompagnée de son avocat Kenneth Thompson et de nombreux représentants de la communauté noire pour cette conférence de presse organisée dans un centre communautaire chrétien situé à Canarsie, un quartier pauvre du sud de Brooklyn, à New York.
L'avocat parle le premier : "Nous prenons position pour toutes les femmes qui ont été victimes d'agressions sexuelles autour de la planète." Nafissatou Diallo, habillée d'un costume sombre et d'un chemisier blanc, prend ensuite la parole. Dans un bref discours de trois minutes, elle évoque sa souffrance : "Avec ma fille, nous pleurons tous les jours... Nous n'arrivons pas à trouver le sommeil (...) Avec ma famille, nous traversons des moments très durs." "Je ne veux pas que ce qui m'est arrivé arrive à d'autres femmes", a-t-elle ajouté. Elle remercie enfin tous les soutiens qu'elle a reçus.
Après ce bref passage devant les micros, les intervenants se sont multipliés, y compris un représentant de la communauté guinéenne, qui s'est aussi exprimé en français : "Toute la communauté guinéenne est derrière elle et la soutient." "Notre culture" est très "dure" avec les victimes des agressions sexuelles, a-t-il dit, soulignant que Nafissatou Diallo "a voulu transgresser cette barrière" et montrer son courage.
Ces intervenants, représentants religieux et/ou d'associations de défense des femmes, ont tous assuré devant les caméras du courage de Nafissatou Diallo. L'un d'eux a été très virulent envers le procureur Cyrus Vance, l'accusant d'avoir "traîné Nafissatou dans la boue" et d'être plus proche de la défense que de l'accusation.
Alors que les intervenants, comme le président du United African Congress, devaient se succéder au micro, Nafissatou Diallo s'est éclipsée quelques secondes après la fin de son allocution.
Cette conférence de presse marque le point d'orgue d'une offensive médiatique d'envergure du camp Diallo. Lundi était publiée une longue interview de la victime présumée dans Newsweek. C'est ensuite sur ABC, dans une interview parfois graphique, que Nafissatou Diallo a donné sa version des faits.
Mercredi, elle s'est expliquée pendant huit heures auprès du procureur sur les failles de son témoignage. La prochaine audience pour DSK est repoussée au 23 août.
Un dernier mot enfin, l'avocat Kenneth Thompson a été interrogé sur le volet français de l'affaire, les accusations portées par Tristane Banon : "Nous soutenons Tristane Banon et nous souhaitons une issue positive à son dossier. Nous sommes reconnaissants à son avocat Me David Koubbi d'être venu à New York pour rencontrer le procureur, mais c'est Nafi Diallo que nous représentons et nous ne pouvons rien de plus."