Tristane Banon a déposé plainte, via son avocat Me David Koubbi, contre Dominique Strauss-Kahn pour "tentative de viol". Les faits décrits par cette écrivaine de 32 ans remonteraient au mois de février 2003, alors qu'elle interviewait DSK - auprès duquel elle fut introduite grâce à Camille, une des filles de l'ancien président du FMI - dans un appartement parisien pour préparer son livre Erreurs avouées... (au masculin). Tristane Banon avait auparavant porté ces accusations chez Thierry Ardisson en 2007 et lors d'une interview avec le site Agoravox en 2008.
L'enquête française est ouverte...
Le parquet ouvre vendredi une enquête préliminaire qui vise à vérifier les allégations de la jeune femme. Enquête confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Si les faits sont anciens, et donc difficiles à prouver, l'avocat de la plaignante se montre confiant. Selon Me Koubbi, l'accusation repose sur des "éléments matériels, des textos [qui] ont été envoyés et il existe des attestations", a-t-il déclaré à l'AFP, sans préciser la teneur de ces attestations. "De nombreuses personnes se tiennent à la disposition de la justice pour témoigner", ajoute-t-il avant de résumer que cette affaire ne se limitera pas à un "parole contre parole."
"Parole contre parole", c'est pourtant l'expression employée à plusieurs reprises par Tristane Bannon dans une interview accordée à L'Express dans laquelle elle revient sur les faits, son mal-être qui en découle et ses motivations pour, huit ans après, enfin s'adresser aux tribunaux : "Je ne souhaite qu'une chose, qu'il revienne en France avec sa présomption d'innocence pour que l'on aille devant un tribunal. Je sais bien que dans ce genre d'affaire, où c'est parole contre parole, sans même parler de gens si puissants, les présumés coupables sont souvent relâchés. Mais moi, je sais que je dis la vérité."
Et l'américaine se poursuit !
L'ouverture de cette enquête préliminaire intervient alors que l'accusation, aux États-Unis, de Nafissatou Diallo, semble fragilisée. Dominique Strauss-Kahn a été libéré sur parole et on lui a rendu sa caution colossale de 6 millions de dollars. Il est désormais libre de circuler aux États-Unis, mais pas d'en sortir. Plusieurs fuites dans la presse annoncent l'abandon prochain des poursuites, probablement lors de la prochaine audience prévue le 18 juillet... Pourtant, rien n'est sûr.
Mercredi, l'avocat de la victime présumée, Me Kenneth Thompson, a bien essayé de faire dessaisir le procureur du dossier, qu'il accuse des fuites dans la presse et de ne pas respecter la victime. Sans succès. Ce dernier, Cyrus Vance, a rencontré mercredi les avocats de DSK lors d'une réunion, qualifiée de "constructive" par Benjamin Brafmann, qui défend le Français. Le procureur a toutefois indiqué que les charges étaient maintenues contre Strauss-Kahn.
Jeudi, William Taylor, l'autre as du barreau engagé dans la défense de DSK, a affirmé dans le New York Times (décidément aux premières loges de cette affaire) qu'il refusera de plaider coupable du moindre chef d'accusation, même secondaire, si le procureur lui propose un accord en vue de boucler l'affaire. Dominique Strauss-Kahn, qui a plaidé non coupable dès le début prenant le risque d'aller jusqu'au procès, ne veut rien lâcher et veut être totalement blanchi.
Des représentants de la communauté africaine de New York ont demandé jeudi à ce que DSK soit jugé, estimant qu'un abandon des charges constituerait "une grave erreur judiciaire". Dans un communiqué, la confédération d'organisations de la communauté africaine écrit que "la femme de chambre du Sofitel, dont tout prouve qu'elle a été agressée sexuellement, risque de ne jamais obtenir de procès à cause de son passé, sans rapport avec les violences sexuelles dont elle a été victime le 14 mai". C'est frappé au coin du bon sens...
Révélations en cascade...
Vendredi, le New York Times publie de nouvelles révélations : deux employées du Sofitel, où se serait déroulé le viol présumé de Nafissatou Diallo, ont affirmé à la police avoir été invitées, séparément, par DSK à venir dans sa suite, la nuit du 13 mai. Ce qu'elles ont l'une et l'autre refusé de faire. De plus, ce 13 mai, veille de son arrestation à l'aéroport JFK, une caméra vidéo aurait filmé cette nuit-là l'ancien patron du FMI en train de "monter dans un ascenseur vers 1h20 avec une femme qui ne travaillait pas à l'hôtel". Cette femme a pu être identifiée mais n'a pas souhaité répondre aux enquêteurs sur la nature de sa visite. Au matin, Dominique Strauss-Kahn a commandé un petit-déjeuner pour une seule personne à 9h24. Ce qui laisse la place à de nombreuses suppositions...
Voilà de nouveaux éléments pour lesquels le New York Times cite une source policière anonyme. On imagine quelle force est demandée à Anne Sinclair pour supporter ce que ces détails et on-dit laissent supposer de son couple, et d'une possible "addiction" de son époux... L'ancienne journaliste star de TF1 demeure le premier soutien de Dominique Strauss-Kahn. A Michel Taubmann [auteur du Roman vrai de Dominique Strauss-Kahn, une biographie aux Éditions du Moment], Anne Sinclair écrivait le 15 mai : "Je crois en lui plus que jamais. Notre couple est d'une solidité à toute épreuve. Nous sortirons de ce drame ensemble, dignes et droits, main dans la main."