Trois mois après l'interview choc du prince Harry et Meghan Markle, durant laquelle les Sussex ont évoqué des "inquiétudes" racistes du côté de la famille royale, Elizabeth II fait face à de nouvelles accusations du même acabit. Le 2 juin 2021, le Guardian a publié un article affirmant que les conseillers de la reine avaient interdiction de recruter des "étrangers et immigrants de couleur" pour des postes administratifs, au moins jusqu'à la fin des années 1960.
Le journal s'appuie sur des documents découverts dans les archives nationales, trouvés alors qu'il mène une enquête sur "une procédure parlementaire obscure" appelée "Le consentement de la reine", qui aurait une influence sur les lois britanniques. Un document remontant à 1968 indique que le directeur financier d'Elizabeth II, un certain Lord Tryon, a informé ses employés "qu'il n'est pas d'usage de nommer des immigrants de couleur ou des étrangers" à des postes de bureau de la maison royale, mais qu'ils peuvent tout de même occuper des fonctions domestiques. Impossible en revanche de savoir combien de temps cette directive aurait été appliquée.
Le "consentement de la reine" aurait directement influencé le projet de trois lois du gouvernement britannique qui, en 1975, visaient à mettre fin aux discriminations raciales et sexuelles, notamment dans le domaine de l'emploi. Des membres du gouvernement auraient directement échangé avec des conseillers d'Elizabeth sur la formulation de ces lois et négocié une clause d'exemption, afin que toute plainte pour discrimination contre la reine ou la maison royale soit adressée au ministre de l'Intérieur, plutôt qu'aux tribunaux. Difficile alors de croire qu'Elizabeth II, qui s'apprête à fêter ses 70 ans de règne en grande pompe, n'était pas au courant...
Interrogé par The Guardian, Buckingham n'a pas apporté plus de précision. Le palais s'est contenté de répondre : "La maison royale et la souveraine se conforment aux dispositions de la Loi sur l'égalité, en principe et en pratique. Cela se reflète dans les politiques, procédures et pratiques de diversité, d'inclusion et de dignité au travail au sein de la maison royale." Il a ajouté que, selon ses archives, des employés issus de minorités ethniques travaillaient pour la maison royale dans les années 1990 et expliqué qu'avant cette décennie, il ne tenait pas de registres sur les origines raciales des employés, donc impossible d'en savoir plus sur le sujet.
Comme l'a rappelé Le Point ce mercredi, jusqu'en 2007, il était impossible pour un militaire antillais ou venant du sous-continent indien d'intégrer la garde royale, et "il a fallu attendre 2017 pour que la cheffe de l'État choisisse son premier écuyer noir britannique".