La voiture de Sa Majesté est avancée ! Si la reine Elizabeth II a été véhiculée en Bentley, fournisseur officiel de la Couronne, lors de sa venue en France du 5 au 7 juin dans le cadre des commémorations du 70e anniversaire du Débarquement, elle avait étrenné quelques jours plus tôt son nouveau véhicule de luxe rutilant... Un véritable concentré de symboles historiques et de technologie sur roues.
Dévoilé légèrement en amont du grand jour, c'est à l'occasion de l'inauguration rituelle du Parlement, à peine troublée cette année par l'évanouissement d'un jeune page, que la souveraine britannique de 88 ans a utilisé pour la première fois, le 4 juin 2014, son nouveau carrosse. Un unique et authentique palais roulant, un musée itinérant et contemporain qui est seulement le second carrosse royal fabriqué en un siècle.
Il a fallu pas moins de huit ans pour que l'ouvrage, initialement programmé pour les 80 ans de la monarque, se concrétise. Construit en Australie par le spécialiste W.J. Frecklington, ancien employé des Écuries royales à l'origine de l'Australian State Coach (carrosse officiel australien) de 1988, le nouveau carrosse, finalement associé au jubilé de diamant d'Elizabeth II (Diamond Jubilee State Coach), a en réalité été achevé dès 2010. En raison de problèmes liés à son importation en Grande-Bretagne et de petits différends (pour Buckingham Palace, Frecklington avait achevé son oeuvre de sa propre initiative, tandis que l'intéressé disait avoir l'appui du palais, qui a in fine réalisé l'acquisition via le Royal Collection Trust), il n'a été livré à Londres qu'en mars 2014.
Conformément à la volonté de son concepteur, de nombreux morceaux d'histoire entrent dans la composition du carrosse du jubilé de diamant, ce qui en fait une véritable fresque de l'Histoire et de la royauté britanniques - il sera d'ailleurs exposé aux Écuries royales. Long de 5,5 mètres, haut de 3,4 mètres et lourd de 2,75 tonnes, ce véhicule prévu pour un attelage de six chevaux contient notamment comme symboles : la couronne qui orne son toit a été sculptée dans du bois provenant du HMS Victory, fameux vaisseau amiral de Lord Nelson lors de la bataille de Trafalgar ; des éléments de bois provenant de monuments tels que la Tour de Londres, l'abbaye de Westminster, la cathédrale Saint Paul, le château de Windsor, le château d'Edimbourg, le château de Balmoral, le vaisseau Mary Rose, le Mayflower, la chapelle Saint George, le palais de Westminster et bien d'autres encore ont été utilisés pour l'intérieur ; le gouvernement écossais a également fourni des matériaux précieux, provenant par exemple de la pierre de Scone, des reliques du HMS Britannia, du HMS Endeavour, de la bataille d'Hastings, du RMS Queen Mary, d'avions de guerre ou encore de Big Ben, et même une balle de mousquet de la bataille de Waterloo ; outre des reproductions numériques de la Magna Carta et du Livre du Jugement Dernier, divers pans du carrosse sont liés à des personnages illustres (Shakespeare, Isaac Newton, Charles Darwin, Florence Nightingale...).
Les deux poignées de porte sont l'oeuvre d'un joaillier néo-zélandais et sont incrustées de 24 diamants et 130 saphirs - chacune. Les lampes sont en cristal d'Edimbourg.
Mais le carrosse dispose aussi des vitres électriques, d'un système de chauffage et d'une stabilisation hydraulique. Le charme de l'ancien, le confort du moderne. Avec des gadgets hi-tech, tel une caméra à 360 degrés nichée dans la couronne, qui filme pour les services de communication royaux la procession du point de vue de la reine.