Juste avant sa rentrée politique lors d'un conseil des ministres exceptionnel, le 22 août 2016 à l'Élysée, et quelques jours après ses vacances à Biarritz, Emmanuel Macron a répondu à une invitation pour le moins surprenante : le 19 août, au côté de son épouse Brigitte Trogneux, mais surtout du très à droite Philippe de Villiers, le ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique était en Vendée à l'invitation de ce dernier.
En tant que ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron avait commencé à visiter des entreprises dès le jeudi 18 août. Sur le site de Périgny de l'entreprise Léa Nature, spécialisée dans la fabrication de produits bio et naturels, puis les installations du Grand Port Maritime de La Rochelle, dont le trafic en plein essor le classe désormais à la 6e place des ports français par le tonnage traité.
En Vendée, après une visite de l'entreprise Argilus, spécialisée dans la production d'enduits en terre et de matériaux écologiques pour la construction, le ministre s'est rendu sur un site du groupe Gautier, fabricant de meubles à Boupère, en France, depuis plus de cinquante-cinq ans.
Ce n'est qu'en fin de journée qu'il s'est également délecté du spectacle du Puy du Fou, un des meilleurs parcs de loisirs européens, en compagnie de son fondateur Philippe de Villiers et de son fils Nicolas, actuel directeur des lieux. Assis en tribune entre son épouse Brigitte et le fondateur du Mouvement pour la France, le ministre du gouvernement de Manuel Valls semble avoir beaucoup apprécié le spectacle. En témoignent son sourire et ses échanges chaleureux avec Philippe de Villiers, pourtant un adversaire politique féroce du président Hollande, et se joignant à lui pour accorder la grâce à l'un des gladiateurs en levant les pouces comme le faisaient les empereurs romains.
Lors de cette visite en Vendée, Emmanuel Macron, interpellé les journalistes qui s'étonnaient de sa présence aux côtes du fondateur du MPF, où jamais un ministre socialiste n'est venu, il a répondu : "Pourquoi c'est étonnant ? L'honnêteté m'oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste (...). Mais quelle importance ? Quand vous êtes ministre, vous êtes ministre de la République et, donc, vous servez l'intérêt général." Et le jeune ministre de 38 ans de louer les qualités de son hôte, le qualifiant "d'entrepreneur culturel", dont le parc d'attractions est une "formidable réussite", et "que sa présence en tant que ministre de l'Économie, de l'Industrie et que toute la soirée que nous passons ensemble a pour but de saluer le travail du Puy du Fou (...) notre pays est paralysé parfois par une espèce de sectarisme, par des oppositions stériles qu'on voudrait créer" reconnaissant bien sûr des "divergences réelles" dans leurs idées politiques, mais ajoutant "nous appartenons au même pays".
Emmanuel Macron et Brigitte ont donc pu découvrir tous les recoins du parc et rencontrer ses gladiateurs, comme ce fringuant conducteur de char au casque à la crête de plumes vertes tranchant quelque peu avec la doudoune bleue du ministre. De charrette il fut question quand, à son tour, Philippe de Villiers a évoqué son invité devant les caméras : "C'est quelqu'un qui est ouvert au monde de l'entreprise – plus de 2 millions de visiteurs en 2015 au Puy du Fou – et doté d'une qualité de plus en plus rare, c'est la curiosité", lui prédisant un "avenir devant lui pour conduire toutes sortes de chars"...
Épinglé par les internautes, Emmanuel Macron l'a également été par de nombreux politiques et notamment dans son propre camp. LeMonde.fr offre une petite compilation des réactions prévisibles des uns et des autres, comme celle du chef de cabinet adjoint de François Hollande, Christophe Pierrel. "Je n'avais pas compris que ni de gauche ni de droite voulait dire pas socialiste et en visite au Puy du Fou avec un leader d'extrême droite", a déploré ce dernier dans un tweet.
Toujours plus à part au sein du gouvernement, Emmanuel Macron avait débuté l'été en lançant son propre mouvement politique En Marche !, à la Mutualité de Paris (le 12 juillet), jouant sur l'ambiguïté de ses ambitions personnelles : "Le mouvement, personne ne l'arrêtera, nous le porterons ensemble jusqu'en 2017 et jusqu'à la victoire. Imaginez où nous serons dans trois mois, dans six mois, dans un an."
Dans quelle ambiance, monsieur Macron a-t-il fait sa rentrée lundi à l'Elysée ? Selon l'AFP, "le Premier ministre Manuel Valls a rappelé la nécessité du 'jeu collectif' d'un gouvernement 'soudé et méthodique.'" Emmanuel Macron semble pourtant se détacher chaque jour davantage... Avec l'indéfectible soutien de son épouse Brigitte, tout entière dédiée à lui depuis qu'elle a quitté l'enseignement.