Pour la deuxième fois en cinq ans, Emmanuel Macron s'est retrouvé face à face avec Marine Le Pen pour le débat des présidentielles. Cette fois cependant, les deux protagonistes sont plus préparés, nourris par leur expérience. L'un a un mandat derrière lui, l'autre en est à sa troisième candidature et a noté les échecs de son précédent débat. Ce 20 avril 2022 devant les stars du journalisme Léa Salamé et Gilles Bouleau, ils ont donc défendu avec passion leurs idées en se distinguant sur le fond mais aussi sur la forme.
Si Marine Le Pen n'a pas voulu jouer la carte de l'offensive, elle a fait un faux départ dès les premières secondes du show et a dérouté en sortant son arme secrète pour se défendre sur ses liens avec la Russie avec un tweet imprimé sur feuille A4. Elle a remis en question les chiffres du bilan du président sortant en le qualifiant de "Mozart de la finance" et citant la polémique sur le recours aux cabinets de conseil qui a pollué sa campagne : "Je ne sais pas si c'est McKinsey qui a proposé ça..." Son ennemi politique répond alors : "Ah ça y est, je l'attendais celle-là. Vous avez mis du temps madame Le Pen."
Emmanuel Macron a choisi d'assumer les mesures et de défendre des faits concrets : "Les chiffres, ce n'est pas Gérard Majax, ce soir, madame Le Pen !", citant le célèbre magicien qui a animé plusieurs émissions de télévision populaire dans les années 1980. Il a aussi utilisé des expressions déroutantes : après le fameux poudre de perlimpinpin, il a sorti le terme méconnu "ripoliner" (dissimuler sous une apparence brillante la réalité) et un inattendu "finito".
Sur son allure, l'époux de Brigitte Macron a surpris avec sa position. Pour certains internautes, il était "avachi" et parfois "arrogant", pour d'autres, sa posture montrait à quel point il était courtois et à l'écoute de son adversaire. Il a pris soin de rebondir sur chacune des paroles de Marine Le Pen, soulignant ce qui était bien dit, vrai et faux. Une attitude qui divise mais la plaisanterie qu'il a partagée avec la cheffe du RN, provoquant ses grands sourires, montre qu'à la veille du second tour, le respect est resté de mise.