Son regard d'un bleu profond a habité les écrans de cinéma durant des années mais il possédait, depuis des années, une douleur. Indicible pour le reste du monde, jusqu'à ce qu'Emmanuelle Béart révèle publiquement avoir été victime d'inceste entre ses 10 ans et ses 14 ans, à travers la présentation du documentaire qu'elle a coréalisé et qui sera diffusé sur M6 le 14 septembre à 23h10, Un silence si bruyant. Pour le magazine ELLE, avec qui elle a tissé des liens forts au fil des nombreuses couvertures qu'elle a faites, l'actrice de 60 ans détaille sa démarche aussi difficile que puissante.
Lors de la présentation de presse du documentaire, Emmanuelle Béart, absente pour raisons familiales, a transmis à la coréalisatrice Anastasia Mikova un message : son agresseur n'était pas Guy Béart, son père chanteur décédé en 2015. Elle a également ajouté, puisque la question est inévitable, qu'elle ne souhaite pas dévoiler l'identité de son agresseur, car cela n'est pas "la démarche" du film. Il s'agit de mettre fin au silence pour arrêter de le perpétuer. La première personne à qui la comédienne en a parlé à l'âge de 14 ans, c'est sa grand-mère maternelle, Elena, dite Nelly et dont elle a été si proche, décédée en 2011 : "C'est elle qui m'a sauvé la peau. (...) Elle m'a permis de sortir des griffes de cet homme. J'ai été sortie du cercle familial et envoyée en pension."
J'en voudrais à mes proches si...
Dans le documentaire, on apprend qu'elle en a également parlé à ses parents - Guy Béart et l'actrice et mannequin Geneviève Galea -, ce qui n'a rien changé : "Quelqu'un qui ne l'a pas vécu... je pense que ça n'arrive pas au cerveau. C'est forcément ça, qu'est-ce que ça peut être d'autre ? On ne peut pas être abandonné par ceux qui vous aiment. Moi, je pouvais dire 'il faut qu'on me sauve', mais j'étais incapable de donner des détails. A 14 ans, on n'a pas envie de donner des détails sexuels. Je pense que c'était abstrait pour les autres."
Une absence de réactions pour laquelle Emmanuelle Béart ne leur en veut pas, mais, il est une chose qui compte pour celle qui est mère de trois enfants et en couple avec Frédéric Chaudier : "J'en voudrais à mes proches si, après avoir vu ce documentaire, ils ne comprenaient pas. Si ce documentaire provoque du rejet, si on me dit que je n'aurais pas dû parler. Si quelqu'un me dit ça, je pense que je l'efface de ma vie. C'est maintenant qu'il faut accepter que je dise les choses. Qu'on ne piétine pas ces mots-là. Mais non, je ne leur en veux pas, ils n'y sont pour rien. Ça n'est pas seulement un problème familial, mais sociétal, politique."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine ELLE du 14 septembre