Enrico Macias et la mort de sa chère Suzy : ''Il faut savoir tourner une page...''

Monstre sacré de la musique, Enrico Macias réalisait l'un de ses rêves en se produisant dans le cadre du Festival de Ramatuelle en août dernier. Dans quelques jours, c'est un autre rendez-vous immanquable qu'il a donné à ses fans : les 13 et 14 janvier, il investira la scène de l'Olympia à Paris pour deux concerts exceptionnels, avant deux représentations à Lyon (le 21) et Aix-en-Provence (le 22).

Contrastant avec ces moments de liesse où le public le porte de ses applaudissements fournis, Enrico est seul dans son vaste appartement des Grands Boulevards à Paris. La mort de son épouse Suzy, en 2008, est une plaie dans le coeur du chanteur. La solitude lui pèse tant qu'il songe d'ailleurs à déménager. "Je suis là depuis douze ans, mais je vais partir. C'est trop grand pour moi. Et je vis seul depuis la mort de ma femme. Je suis resté parce que je sentais sa présence", confie-t-il avec tristesse au cours d'un entretien accordé dans Le Parisien daté du dimanche 4 janvier 2015.

"Je l'ai épousée quand elle avait 18 ans. Et elle était déjà malade. Les gens me déconseillaient de me marier, les médecins d'avoir des enfants. Et elle a voulu absolument me donner un fils. On a eu deux enfants, Jocya et Jean-Claude. Ma femme m'a donné des leçons de courage et de sacrifice. Elle a tellement souffert pendant cinquante ans avec des opérations à coeur ouvert que je me dis qu'aujourd'hui, elle est bien où elle est. Il faut savoir tourner une page...", dit-il désormais avec philosophie.

Bien que seul dans cet appartement parisien, Enrico pouvait compter sur ses amis pour l'accueillir pour égayer ses réveillons de Noël et du Nouvel An. "J'ai passé les fêtes chez des amis qui ne sont pas dans le showbiz. Ce sont des fans avec qui j'ai sympathisé, des gens très simples qui m'ont fait honneur avec des cadeaux, du foie gras, du saumon et mon petit faible : le millefeuilles", se souvient le chanteur avec enthousiasme.

Des moments simples qui constitueront de bons souvenirs pour Enrico, loin du tourment causé par sa maison de Saint-Tropez, L'Accadia, que l'on menace de lui retirer. Cette villa symbolise ses 40 années d'amour pour Suzy. La propriété avait servi de gage dans un emprunt souscrit par le chanteur auprès d'une banque qui a fait faillite en 2008. Quelques mois plus tard, un scandale de malversations éclate et la justice luxembourgeoise s'en mêle. En première instance, Enrico, qui s'estime pourtant victime d'une escroquerie, est condamné à payer 30 millions d'euros à une filiale luxembourgeoise de la banque islandaise Landsbanki. Le chanteur de 76 ans avait pourtant contracté un prêt de 35 millions d'euros auprès de cet établissement et n'en avait touché que 9 (le reste ayant été investi par la banque dans des placements qui se sont avérés par la suite... frauduleux). Bien plus que financière, la valeur de L'Accadia est affective pour Enrico Macias. Cette bataille prend alors une dimension bien différente : c'est le combat pour sauver la "boîte à souvenirs" de toute une vie d'amour pour Suzy. Des souvenirs qu'il partagera sans doute avec ses fans dans l'autobiographie sur laquelle il travaille : Le Soleil à l'envers.

Joachim Ohnona