Eric Zemmour comparaît depuis ce mardi 11 janvier devant le tribunal pour des propos controversés sur "les noirs et les arabes". Le Tribunal correctionnel de Paris doit déterminer si oui ou non le journaliste et chroniqueur de Laurent Ruquier s'est rendu coupable de diffamation et discrimination raciale.
Devant la cour, le chroniqueur s'est vivement défendu, assurant ne pas être un "provocateur" : "Quand on décrit la réalité, on est criminalisé", a-t-il regretté. Des propos rapportés par l'AFP. "Je ne provoque pas et je suis pour la liberté d'expression", ajoutant que les associations anti-racistes ne font que "criminalise(r) une parole qui ne veut pas se coucher devant le politiquement correct (...) La réalité n'existe pas pour ces messieurs, il faut qu'elle rentre dans les cadres idéologiques qu'ils ont créés il y a trente ans (...) Si on en sort, on est traité de provocateur, au pire de nazi."
Eric Zemmour répond de ces propos tenus en mars dernier dans Salut les Terriens, l'émission de Thierry Ardisson sur Canal+. Il avait déclaré à cette occasion que "les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que les plupart des trafiquants sont noirs et arabes" et qu'il s'agissait d'un "fait". Sur France Ô, Zemmour avait ajouté "la discrimination, c'est la vie", et avait considéré la discrimination à l'embauche comme un "droit".
SOS Racisme est la première association à s'être portée partie civile, bientôt suivie par le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), la Licra et l'Union des étudiants juifs de France (UEJF).
Durant l'audience, le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, dénonce les "propos aberrants et extrêmement graves" d'Eric Zemmour : "Il a une façon de décrypter la réalité de manière assez spéciale et à partir de là, il définit une population criminogène." Il regrette que Zemour ne voie la réalité que "via" des "lunettes racialisées" !
Le président de la Licra, Alain Jakubowicz, renchérit : M. Zemmour "nous reproche à nous, associations 'bien pensantes', un excès de communautarisme, mais lui ethnicise la société : il ne voit que son apparence physique ou le dieu dans lequel elle croit."
Concernant ses propos sur la discrimination au travail, Eric Zemmour persiste et signe : "Discriminer, ça n'a rien d'infamant. On choisit ses employés, ses amis, ses amours... La vie humaine est une machine à discriminer. On a choisi ce mot pour nous imposer une certaine pensée."
Le procès doit s'achever vendredi et la décision du tribunal mise en délibéré à plusieurs semaines.