Federer, Tsonga, Djokovic... Le juteux business de l'exhibition

La saison de tennis s'est achevée avec le Masters de Londres et la victoire émouvante de Novak Djokovic, mais prendra quelques jours de repos après la finale de Coupe Davis qui se déroulera ce weekend entre l'Espagne et la République Tchèque...

Ces joueurs qui cachetonnent

Logiquement, les joueurs devraient prendre quelques jours de vacances avant de reprendre le chemin des cours pour la rentrée de janvier. Sauf que. Loin de se reposer, les joueurs pros, et notamment ceux du Top 10 mondial, parcourent le monde et, comme on dit dans le jargon, "cachetonnent" lors de tournois exhibitions.

Ainsi, l'Amérique du Sud verra débarquer cet hiver le grand cirque de la petite balle jaune où les meilleurs mondiaux s'affronteront lors de matches amicaux dans des arènes devant un public bouillant et enchanté de voir les stars du tennis venir jouer en live analyse L'Équipe qui y consacre un dossier au sujet.

Car ce qui pousse certains pays à débourser des millions pour s'offrir Roger Federer, Novak Djokovic ou Andy Murray, c'est le manque de tournois majeurs. Ainsi, les promoteurs n'hésitent pas à casser leur tirelire pour attirer les meilleurs comme à Abu Dhabi lors du Mubadala World Tennis Championship où l'ensemble des cachets attribués aux joueurs pourrait atteindre 5 millions d'euros. Roger Federer s'offrira de cette manière une agréable tournée sud-américaine où il devrait toucher entre 4 et 5 millions d'euros pour six matches, à Bogota, Buenos Aires et Sao Paulo. A ses côtés, Jo-Wilfried Tsonga.

Jo-Wilfried Tsonga sparring-partner de luxe

Pour affronter le Roi Roger, les promoteurs ne peuvent lui opposer un sombre inconnu. Suite à ses deux finales perdues l'année dernière en finale de Bercy et du Masters de Londres, Jo-Wilfried Tsonga est devenu un adversaire parfait pour le Suisse. Son agent, Morgan Menahem explique : "Les organisateurs d'exhibitions sont souvent proches des directeurs de tournoi. Jo n'a jamais planté un tournoi, ça a une valeur. Du coup, on refuse, cinq, six propositions d'exhibitions par an faute de temps. En moyenne, Jo en dispute trois dans l'année."

Actuellement en vacances du côté de Miami où il est propriétaire d'un appartement, Jo-Wilfried Tsonga ne devrait donc pas trop subir le contre-coup de la fatigue ou du décalage horaire. Deux matches face à Federer à 100 000 euros l'unité, de quoi payer les impôts en fin d'année... Mais si Jo peut se permettre des sorties durant ses congés, comme il l'avait fait par le passé en affrontant son pote Gaël Monfils, tous ne le peuvent pas. En cause, une saison jugée trop longue et un besoin de repos essentiel avant d'attaquer une nouvelle et longue année. Pour autant, pas question de cracher sur un beau cachet, parfois aussi important qu'un prize money d'un tournoi, comme le montre la liste des joueurs qui se déplaceront en Amérique du Sud : Novak Djokovic, Serena Williams ou encore Maria Sharapova rejoindront donc Roger Federer et Jo-Wilfried Tsonga.

Argent ou vacances

Mais curieusement, ceux qui cachetonnent à travers le monde sont les premiers à critiquer la lourdeur du calendrier de la saison... Tout le contraire de Richard Gasquet qui malgré de belles propositions a préféré se concentrer sur la récupération. "J'ai en effet reçu de très belles [propositions] pour aller jouer, ce mois-ci, à Buenos Aires. Mais je ne peux pas faire une saison de dix mois et derrière me finir dans une exhibition en Amérique du Sud. Reprendre l'avion, un décalage horaire, tout ça, c'est impossible, c'est trop", confie le Français.

Pourtant, les propositions financières sont matières à réflexion : "On réfléchit. Qui ne réfléchirait pas ? C'est normal, je suis professionnel. Tu pèses le pour et le contre. Le contre, c'est que la saison a été longue et que je ne me vois pas repartir au bout du monde (...) Je pourrais prendre beaucoup d'argent, des exhibitions je peux en faire, mais je préfère avoir une vraie coupure pour l'année prochaine."

Ainsi, la fin de saison et la période des vacances sont une façon d'arrondir ses fins de mois. Mais pas que pour Roger Federer, qui monnaie tout de même aux alentours de 800 000 euros ses petits matches : "Oui, je vais disputer des exhibitions mais ma situation est particulière. Je ne suis jamais allé en Amérique du Sud en tant que joueur de tennis professionnel. Je vais sans doute me régaler car je vais rencontrer beaucoup de monde là-bas. (...) C'est une expérience unique pour moi. Je ne pouvais donc pas être plus enthousiaste à l'idée de faire ce voyage. Mais je me suis assuré que j'avais bien deux semaines de vacances avant cela."

Résultat, c'est en véritable rock star que sera accueilli le Suisse, vainqueur à Wimbledon cet année pour la septième fois de sa carrière si l'on en croit la déclaration de Jose Luis Clerc, demi-finaliste argentin de Roland-Garros : "De grands musiciens sont venus ici comme Paul McCartney, les Gun's n' Roses ou ls Rolling Stones. Pour moi, c'est John Lennon qui débarque le 12 décembre."