Quelques mois après leur brève visite inaugurale à Paris et leur première prise de contact avec le président François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls et le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, le retour du roi Felipe VI d'Espagne et de son élégante épouse la reine Letizia dans la capitale française devait être un bel événement. Mais, endeuillé pour la deuxième fois par un drame des transports, après un grave accident de la route, depuis son avènement le 19 juin 2014, le jeune souverain a dû se résoudre, à peine arrivé à Paris, à annuler ce qui devait être la première visite d'État de son règne...
Un petit tour et puis s'en vont. Si Felipe et Letizia ont été capables, ce mardi 24 mars 2015, de donner le change, rencontrant Manuel Valls à l'Hôtel des Invalides et François Hollande à l'Élysée, le coeur n'y était pas vraiment : choqués d'apprendre le crash du vol 4U9525 de la compagnie aérienne Germanwings, drame qui faisait les gros titres tandis qu'ils débarquaient à Paris, avec à son bord 144 passagers dont 45 de leurs compatriotes, ils ne poursuivront pas leur séjour.
Conjointement, le chef d'État français et le monarque espagnol ont annoncé face aux médias, lors d'une conférence de presse improvisée sur le perron du palais présidentiel, l'annulation de la visite d'État. "Suite à des conversations que nous avons eues avec le président François Hollande et le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, nous avons décidé d'annuler ce voyage. C'est une décision que nous venons tout juste de prendre", a déclaré le roi Felipe VI au terme d'un entretien d'une heure et demie avec le président français, joignant ses condoléances (aux familles et aux autorités turques et allemandes) à cette annonce. Celui-ci a précisé qu'ils se rendraient ensemble à 15h30 au ministère de l'Intérieur, où devait les attendre le Premier ministre Valls pour faire le point sur les opérations de secours et l'état de l'enquête sur les circonstances de l'accident.
L'appareil de la Lufthansa, qui assurait la liaison entre Barcelone et Düsseldorf, a commencé à perdre de l'altitude à 10h47 (heure française) et, sans aucune communication avec les autorités de contrôle aérien, a quitté les écrans de contrôle à 10h55 avant de s'écraser près de Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence), tandis que le couple royal atterrissait à Paris. Le pilote avait 10 ans d'expérience et, s'il n'y avait plus de contact avec l'avion depuis 10h30, rien ne laissait penser qu'un incident ait pu se produire avant 10h47, a fait savoir le directeur de Germanwings, Thomas Winkelmann. 150 personnes se trouvaient à bord, dont 6 membres d'équipage.
Felipe VI et Letizia avaient été accueillis officiellement à midi par Manuel Valls à l'Hôtel des Invalides, avant de rallier sous escorte de la Garde républicaine à cheval l'Élysée, où François Hollande les attendait, le visage grave, bouleversé, les informant que la zone du crash était difficile d'accès et qu'il n'y avait probablement pas de survivants.
Le couple royal espagnol devait dans l'après-midi inaugurer au Grand Palais l'exposition Velazquez (Letizia connaît désormais sur le bout des doigts la vie et l'oeuvre du maître !), parfaite illustration de l'accent mis sur la "vitalité des liens culturels et artistiques" entre les deux pays, puis Felipe devait prononcer à l'Assemblée nationale un discours en français, avant un grand banquet officiel au palais présidentiel. Felipe et Letizia auraient également dû rencontrer mercredi la maire de Paris Anne Hidalgo, notamment autour de la mémoire des combattants de la Nueve.
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