Jeunes reines - l'une depuis juin dernier, l'autre depuis avril 2013 - au sourire lumineux et au style exaltant, Letizia d'Espagne et Maxima des Pays-Bas vivaient lundi 10 novembre 2014 une journée sinistre. Graves et vêtues de noir toutes les deux bien que séparée par plus de 1 500 kilomètres, chacune faisait son deuil...
Plaies à vif à Bullas...
Radieuse en toutes circonstances au fil de l'automne, qu'elle a régulièrement irradié de son charme lors de ses engagements officiels (dernièrement, la remise du prix de journalisme Francisco Cerecedo avec son époux Felipe et une visite avec la première dame du Portugal dans un centre pour personnes atteintes de maladies rares), Letizia avait laissé son sourire et ses couleurs à la maison. A Bullas, petite commune proche de Murcie dans le sud de l'Espagne, le couple royal venait lundi prodiguer tout le réconfort dont il était capable aux familles endeuillées et à toute une région bouleversée par un tragique accident de la route survenu le samedi précédent. 14 personnes, parmi lesquelles un homme d'église, le curé de Bullas, qui rentraient d'un pèlerinage à Madrid, ont trouvé la mort lorsque leur bus, l'un des deux du convoi, a quitté la route à hauteur de Cieza (province de Murcie), franchi un talus et fini 15 mètres plus bas. 38 autres passagers ont souffert de blessures, graves pour certains.
De nombreuses personnalités publiques, à l'instar du pape François et du chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, ont exprimé leurs condoléances et manifesté leur soutien à la population locale, accablée par le drame. Felipe VI et Letizia d'Espagne se sont déplacés en personne à Bullas lundi pour prendre part à la messe de funérailles célébrée en hommage aux victimes. Arrivés vers onze heures par hélicoptère, le roi et la reine, visiblement affectés, ont passé un long moment à partager la douleur des familles, amis et collègues des défunts. Avec beaucoup d'empathie, le couple royal a pendant plus de dix minutes multiplié les gestes de réconfort, embrassant, étreignant et serrant les mains de tous ces proches accablés de chagrin, avant de suivre la cérémonie conduite par l'évêque du diocèse de Carthagène, José Manuel Lorca Planes, et nombre de confrères. Au terme de l'office, qui dura une heure et demie, treize cercueils sont sortis un à un - les obsèques du jeune prêtre décédé ayant lieu séparément l'après-midi du même jour.
Signaux de détresse à Amsterdam...
Aux Pays-Bas, c'est un deuil plus ancien mais pas moins douloureux qui requérait à Amsterdam la présence du roi Willem-Alexander et de la reine Maxima, rentrés récemment d'un séjour officiel au Japon. Presque quatre mois après le drame du vol MH17 de la compagnie Malaysia Airlines, abattu le 17 juillet dans l'espace aérien ukrainien, causant la mort de 298 personnes dont une majorité de citoyens néerlandais, le couple royal, ainsi que la princesse Beatrix et la princesse Margriet, assistaient lundi 10 novembre à une émouvante cérémonie de commémoration.
La reine Maxima, qu'on avait vue incapable de maîtriser ses émotions et de contenir ses larmes l'été dernier lors du rapatriement des dépouilles et très marquée lors d'une cérémonie avec les familles des victimes, semblait encore profondément choquée par la tragédie, se mêlant aux quelque 1 600 proches des victimes qui prenaient part au service. 298 cierges, pour autant de personnes disparues, ont été allumés lors de cette cérémonie retransmise en direct et émaillée de lectures et de témoignages bouleversants, à l'instar de celui d'un homme qui a perdu cinq de ses proches et a récité un poème, submergé par les larmes...
Tandis que les familles continuent de faire leur deuil, les enquêteurs, eux, poursuivent leurs investigations pour faire toute la lumière sur cette catastrophe. Mardi 11 novembre, une douzaine d'experts néerlandais se sont rendus sur le site de la chute du Boeing malaisien, dans un contexte de tensions grandissantes et la crainte d'une guerre imminente. Ils ont scellé la zone, en attendant la récupération prochaine des débris de l'appareil.