Homme de théâtre et homme de cinéma (on lui doit notamment le célèbre Dîner de cons qui connaît une renaissance au théâtre avec Laspalès et Chevallier et un remake américain), Francis Veber, 73 ans, est incontournable dans la culture française. C'est donc avec intérêt que les fans dégusteront Que ça reste entre nous, son autobiographie éditée chez Robert Laffont : un livre dans lequel on découvre un homme complexe...
Veber, homme complexe !
Ce livre est décrit par son éditeur comme suit : "Héritier d'une lignée d'écrivains (dont le plus fameux était Tristan Bernard, son grand-oncle), Francis Veber aurait dû déroger à la règle : son père, homme de lettres brisé par la guerre (qu'il vécut terré chez lui, en pyjama), ne voulait surtout pas que son fils exerce un métier de plume. Sa mère, contrainte à commettre à longueur d'années des romans à l'eau de rose pour nourrir les siens, n'y tenait pas non plus. C'est donc presque en cachette qu'après avoir commencé médecine, bifurqué sur la fac de sciences, tâté du journalisme comme grand reporter à Radio Luxembourg et fondé une famille, le jeune Francis s'est enfin lancé dans ce pourquoi, de toute évidence, il était fait : raconter des histoires.
C'est l'histoire de ces histoires, devenues pièces de théâtre ou films, qu'il raconte ici. Des histoires venues de loin, de l'enfance pas toujours très joyeuse d'un petit garçon débordant d'imagination et particulièrement observateur. Les " bides " comme les succès internationaux, les débuts de scénariste comme l'expérience hollywoodienne, les doutes comme l'inspiration... Et puis les rencontres, bien sûr, qui ont jalonné ces histoires : Jacques Brel, Lino Ventura, Gérard Depardieu, Pierre Richard, Jacques Villeret, Dany Boon... Avec la verve et le tranchant qui sont sa marque de fabrique, Francis Veber nous donne à lire la passionnante aventure d'un de nos auteurs les plus brillants, et les plus méconnus."
Il aurait pu empêcher le suicide de sa mère...
Mais dans ce livre, dans lequel il règle ses comptes avec quelques personnalités du cinéma, on découvre surtout un homme fragilisé.
Fragilisé par les critiques : "L'échec de mon remake de L'Emmerdeur. Vous ne pouvez pas imaginer le mal que m'ont fait certaines critiques et la désaffection du public. Alors que la pièce avait été un immense succès, j'ai pris le bide de ma vie avec le film. Aujourd'hui, je réalise qu'il y a certains cultes auxquels on ne peut pas toucher" (dit-il chez nos confrères de Varmatin.com).
Fragilisé par sa famille : "Comme je l'écris en introduction, mon père était juif, ma mère arménienne. Deux génocides, deux murs des lamentations dans le sang : tout pour faire un comique." (varmatin.com). Et fragilisé par la mort de son frère aîné, tué pendant la guerre d'Algérie, tout comme le suicide de sa mère qu'il aurait pu éviter "s'il avait daigné décrocher le téléphone", comme le mentionne Paris Match.
Fragilisé aussi par le métier qui contient beaucoup de mauvais garçons qu'il tacle comme Gérard Depardieu.
Fragile mais fort. Enclin au doute, mais doué : c'est tout Francis Veber.
Que ça reste entre nous, éditions Robert Laffont, 324 pages, 21 euros, en librairies depuis octobre 2010.