Souvenez-vous, c'était il n'y a pas si longtemps : Tiger Woods apparaissait, réapparaissait, ressuscitait au coeur du scandale de sa centaine d'aventures extra-conjugales, dans un spot publicitaire de la marque Nike, fixant avec détresse une caméra le filmant en noir et blanc tandis que la voix de son défunt père, venue d'outre-tombe, sonnait comme une intervention divine pour le sauver providentiellement du lynchage...
Après avoir sauvé le dieu vivant du golf d'un Tigergate assuré, la marque au swoosh s'emploie à soustraire Franck Ribéry au Zahiagate, dont s'est dernièrement emparé sans ménagement Laurent Gerra. Coupable de rapports tarifés avec une prostituée mineure au moment des faits, le meneur de jeu (ou de non-jeu, au vu des récentes prestations de l'équipe...) des Bleus a vécu au coeur de la tempête depuis de longues semaines, tentant de se concentrer sur son métier tandis que les observateurs multipliaient les points de vue sur sa vie privée.
Les partenaires commerciaux du joueur, eux, semblent moins s'émouvoir, et ont perçu, pour certains, l'opportunité de récupérer l'épisode scabreux pour illustrer l'adage qui veut que "ce qui ne tue pas rend plus fort" : c'est en héros grandi, bravant l'adversité, que Nike a choisi de présenter Franck Ribéry en pleine Coupe du Monde. Après avoir fait du Français la vedette d'une campagne de pub réalisée par le flamboyant cinéaste Alejandro González Iñárritu (Amours chiennes, 21 Grammes, Babel, Biutiful), dans laquelle il martyrisait Wayne Rooney, Nike s'est signalé en installant un portrait monumental du Français dans sa ville natale de Boulogne-sur-mer, et ce contre vents et marées.
Et c'est à présent un nouveau spot quasi cathartique, intitulé "Leave the past behind. Write the future." ("Oublie le passé. Ecris l'avenir") qu'on découvre Ribéry by Nike. Où l'intéressé, plutôt que de faire le dos rond, le tourne littéralement à ses détracteurs, tandis que s'affichent des messages de grand "courage" : "Tu peux penser ce que tu veux (...) Pour moi, le terrain sera seul juge." Héroïque ou... tragique ? Libre à chacun d'apprécier ce grandiloquent numéro de bravache...
G.J.