On a cru qu'elle s'était seulement cassé le bras, c'était bien plus grave. Ce n'est pas une simple fracture mais plusieurs qui ont contraint Françoise Hardy à mettre un terme à la promotion de son livre, Avis non autorisés. La chanteuse, atteinte d'un lymphome contre lequel elle lutte depuis onze ans, était à l'hôpital parce qu'elle ne se sentait pas bien. Elle a fait une chute dans la salle de bain, s'est brisé l'épaule, le coude et la hanche puis a fait une oedème pulmonaire. Trois semaines d'inconscience, huit jours de coma et deux opérations plus tard, alors que les médecins ont dit à son fils Thomas de prévenir Jacques Dutronc, l'artiste revient à la vie presque comme par miracle. C'est ce que Françoise Hardy raconte depuis sa chambre d'hôpital à Marc-Olivier Fogiel, dans une passionnante interview que vient de diffuser RTL.
Demi-renaissance
"Je ne sais pas ce qui a fait que finalement je suis revenue à la vie. C'est très étrange parce qu'en même temps, je trouve qu'il y aurait eu une cohérence à ce que je meure à ce moment-là. Oui, parce que d'abord j'ai l'impression d'avoir professionnellement fait tout ce que je pouvais faire. J'ai toujours eu la possibilité, c'est une chance, de pouvoir me projeter dans un avenir professionnel à brève ou moyenne échéance. Ce n'est plus le cas. D'abord je ne veux plus écrire de texte de chanson, je ne veux plus chanter. Tout ça, c'est fini. La raison c'est que le petit filon que j'avais moi, que chacun a en soi, vraiment il est épuisé. Et puis aussi, je crois que je ne suis pas dans un état physique qui me permet de faire quelque chose."
Françoise Hardy s'est relevée. Reste ce cancer. Si la moitié des médecins pensent qu'il n'y avait plus rien à faire contre son lymphome, d'autres estiment le contraire. La chanteuse et auteure a débuté une nouvelle chimiothérapie. Celle de la dernière chance qui, si elle fonctionne, pourrait lui redonner l'énergie qu'elle avait avant sa chute. "J'en suis là aujourd'hui", confie-t-elle à Marc-Olivier Fogiel. Françoise ne se trouve pas négative comme le pense "beaucoup de [ses] proches", elle estime que c'est du réalisme : "Au point où j'en suis, je sais qu'il y a une chance pour que la chimio fonctionne, mais il y a aussi une chance équivalente pour qu'elle ne fonctionne pas. On n'est jamais à l'abri du meilleur, mais on est jamais à l'abri du pire non plus." Désormais, l'artiste vit au jour le jour : "Je sais que la prochaine échéance cruciale est très proche. Elle me fait un petit peu peur. Et on va voir par rapport, s'il y a eu du progrès ou non. Si oui, cela veut dire qu'avec cette chimio on est sur la bonne voie. S'il n'y a rien de tout ça. Je ne sais pas ce qu'il passera. Ça, c'est l'angoisse."
Un double déchirement
C'est Thomas Dutronc, en premier qui la fait tenir. Aussi étrange que cela puisse paraître, Françoise Hardy redoute un peu de devenir grand-mère alors que sa santé est si fragile. "Je sais que Thomas c'est son grand souhait. Et puis je sais qu'il a toutes les qualités pour être un bon père. Donc j'aimerais que cette chose merveilleuse lui arrive, mais en ce qui me concerne moi, le jour où je devrais m'en aller définitivement ce sera encore plus difficile. Parce que ce qu'il y a de difficile dans le fait de mourir, c'est de se séparer des gens qu'on aime. Alors vous imaginez, s'il y a un petit-fils ou une petite-fille en plus, le déchirement sera double par rapport à Thomas." Le chanteur, qui vient de publier l'album Eternels jusqu'à demain, est très discret sur sa situation amoureuse. Il confiait cependant s'être récemment séparé d'une femme qui compte encore beaucoup pour lui.
Françoise Hardy raconte enfin aux auditeurs de RTL qu'elle a fait un pneumothorax en 2005 et qu'elle a cru que son coeur explosait et qu'elle allait mourir. Elle confie qu'à ce moment-là, au delà douleur inimaginable, ce n'est pas la peur de mourir qui domine : "C'est simplement le chagrin. Et vraiment, moi, c'était un chagrin terrible. Je me disais, je ne vais plus voir Thomas, je vais lui faire de la peine. Encore que, nous pouvons imaginer une vie dans l'au-delà et il se peut aussi que nous restions très proches des gens que nous aimons et que nous puissions les aider quand nous sommes partis."
En introduction de cette interview, Marc-Olivier Fogiel annonce que le magazine ELLE publiera demain, vendredi 26 juin, un grand entretien de Françoise Hardy. En attendant, vous pouvez l'écouter sur RTL.fr.