Oubliées, les divas de la fin du précédent millénaire, qui subjuguaient le public par leur seul talent vocal ou par leur charisme naturel : à une ère de crise du disque où les artistes ont assimilé la nécessité pour eux d'être au maximum sur scène, l'enjeu est d'en donner pour leur argent à des spectateurs qui ont eux-même suivi le mouvement en s'accoutumant à espérer du sensationnel. Costumes dingues de Lady Gaga, dispositif scénique novateur et monstrueux du 360° Tour de U2, péripéties aériennes de Pink, les tours de chant sont des spectacles à part entière, reposant sur des budgets faramineux.
La nouvelle génération de popstars féminines se livre alors une guerre sans merci dans la course à la différenciation et à l'attractivité. D'autant plus qu'elles ne s'économisent pas : en 2010, Lady Gaga a assuré la bagatelle de quelque 140 concerts (plus de 700 000 spectateurs), Beyoncé a donné les dernières dates de son I am... Tour marathon, Rihanna a conquis plus de 200 000 adeptes de son Last girl on earth tour qui doit s'achever en mars 2011...
Au-delà de la production musicale et de sa signature, tout est question d'identité, d'image de marque. Et c'est sur le terrain d'une certaine féminité, d'une surenchère d'effets sexy, provocants voire choquants, que les débats se concentrent. Revue de détail de quelques-unes de ces nouvelles divas, au travers d'un diaporama visible ci-dessus récapitulant certains de leurs looks marquants de l'année 2010. Tendance d'ensemble : la lingerie s'invite sur scène...
Lady Gaga, papesse de la schock pop
Détentrice de la palme du look événement de l'année avec sa transformation en rosbif ambulant à l'occasion des MTV Video Music Awards au mois de septembre, arborant une création Franc Fernandez conçue au moyen de 23 kilos de viande, Lady Gaga a maintenu son statut d'ovni de la scène musicale en 2010. Véritable illustration du work in progress, son Fame Ball Tour s'est transformé en Monster Ball Tour et a accouché de trouvailles toujours plus spectaculaires. Pionnière d'une nudité à l'énergie primaire, elle est imprévisible...
Beyoncé, sans artifices...
Elle a beau s'être créé un alias avec son dernier album, I am... Sasha Fierce, la tournée que ce dernier a engendré n'a pas proposé une Beyoncé différente de celle que le public connaissait. La sensualité sauvage de l'ex-Destiny's child crève l'écran sans artifices, avec un minimum de costumes. Chez Beyoncé, on privilégie les combinaisons qui concilient silhouette sexy et tenue adaptée aux chorégraphies musclées. Une constante : le haut, volontiers travaillé, contraste avec le bas, où les jambes sculpturales de la chanteuse sont dévoilées.
Katy Perry, l'extravagante bubble-gum
L'univers de Katy Perry est toujours caractérisé par des couleurs fancy et un étalage sexy plein de fraîcheur, de clins d'oeil et de légèreté bien édulcorée. Les robes de princesses, à paillettes, y ont une belle place, revisitées avec des décolletés ravageurs. Les costumes de personnages, eux aussi, s'invitent volontiers dans les délires de celle qui fait figure d'Alice au pays des merveilles du show-bizz.
Shakira, la Beyoncé d'AmSud
Depuis le premier tube qui la starisa au niveau planétaire, Wherever, whenever, la bomba latina Shakira n'a pas abandonné sa marque de fabrique : son déhanché, volontiers offert de profil pour souligner la cambrure et l'énergie de la Colombienne. Au contraire, sa palette chorégraphique s'est ramifiée, se fondant aussi bien dans des univers libidineux comme dans le clip de She Wolf que dans des vibrations ethniques comme dans les chorégraphes accompagnant son tube pour la Coupe du monde, Waka Waka. Contrairement à Beyoncé, qui dévoile volontiers son fessier, Shakira focalise l'attention autour de son nombril : portant volontiers legging et jupes fantaisie associés à des hauts courts, le ventre est la source de toute énergie chez la star latine.
Rihanna, only girl...
La perle barbadienne a bien grandi. L'univers visuel accompagnant son dernier album, Loud, l'a démontré, présentant Rihanna (dés)habillée de barbelés et assumant une certaine nudité aguicheuse. Sur scène, la jeune chanteuse propose une panoplie de looks audacieux et recherchés, mais toujours directs, souvent agressifs et urbains. La suggestivité est régulièrement de mise, même si la mise se résume parfois à un bikini. Spécificité de la Riri : elle fait ce qu'elle veut avec ses cheveux.
Kesha, trash but not least...
Une des dernières venues sur le devant de la scène, la jeune Kesha s'est approprié la signature dirty, avec des expressions, tenues et clips qui façonnent un personnage de sauvageonne sans complexes. Ce côté glam'crade s'assortit volontiers d'un spectre mesuré d'artifices, notamment du maquillage à outrance (glitter, couleurs ou Rimmel). Reste à savoir comment faire perdurer/évoluer ce style.
Miley Cyrus, précoce mais féroce !
L'ancienne star Disney multiplie les frasques depuis qu'elle a quitté l'univers merveilleux de l'enfance pour mener sa carrière comme bon lui semble - ou plutôt comme bon lui plaît. De plus en plus sujette à étaler ses débordements, Miley Cyrus surfe toujours, visuellement, sur un côté midinette totalement générationnel, au point qu'en la voyant, on pourrait la confondre avec une groupie au lieu de la prendre pour une star. Micro-short et nombril à l'air sont les codes maîtres, une simplicité juvénile qui cède très ponctuellement la place à des tenues plus adultes. Un passage à l'âge adulte ? Sans doute pas pour tout de suite, pourtant...
Taylor Swift, sage malgré elle...
Rare star issue de la country-pop à s'être taillé un succès dépassant allègrement les frontières du genre, Taylor Swift a hérité de son physique glacé une image lisse... qui plaît, de toute évidence. La petite princesse des Américains, qui a réussi la performance de vendre plus d'un million d'exemplaires de son album Speak Now en l'espace d'une semaine à sa sortie au mois d'octobre, fait en sorte de pimenter son style sage en se compromettant régulièrement dans des parodies mettant en évidence son sens de l'humour. Prompte à adopter de véritables déguisements pour créer des personnages sur scène ou en clips, un procédé tout droit sorti de l'enfance, elle demeure une jeunette adepte des robes longues, qui mettent en valeur sa silhouette filiforme et ses jolies gambettes... La vraie fantaisie, c'est quand la robe cesse d'être unie pour arborer un motif floral !
Taylor Momsen, pretty but not preppy
Fraîchement débarquée de l'Upper East Side et des aventures de la jeunesse dorée new-yorkaise dans ma série Gossip Girl, Taylor Momsen propose une autre facette sur la scène pop-rock. Avec son groupe the Pretty Reckless, la jeune femme a une marque déposée : jamais sans mon porte-jarretelles ! L'accessoire aguicheur, pièce maîtresse de l'univers de la lingerie, se décline alors dans toutes les couleurs, et dicte la mini-robe qui va avec. La provoc' coquine est accentuée par un regard perpétuellement smoky.
Nicki Minaj, Barbie du Queens débarque !
C'est le nouveau phénomène féminin du hip hop américain - et donc planétaire. Apès s'être fait remarquer par un tas de featurings aux côtés des plus grosses pointures du genre, Nicki Minaj passait à l'offensive fin 2010 avec son premier album Pink Friday. La couleur est annoncé : avec elle, le hip hop passe au rose total, pour des délires bubble-gum et sciemment vulgos à se rouler par terre. Vraie petite bombe conseillée par la styliste Niki Schwan, qui est loin d'être pour rien dans son look dingo surgavé de couleurs, on attend de la voir, après ses clips démentiels (notamment son duo en latex avec Will.I.am, Check it out) sur scène en 2011 pour découvrir jusqu'où elle peut aller...
Guillaume Joffroy