Depuis la mort de Georges Wolinski, son épouse Maryse et leur fille Elsa font preuve d'un courage extraordinaire, portées par les milliers de messages de soutien reçus du monde entier. Les deux femmes ainsi que les deux autres filles du dessinateur issues d'un premier mariage et leurs propres enfants font face à la brutalité et à la barbarie qui ont conduit au décès de ce grand homme.
Dans les colonnes de Gala, et au lendemain d'éprouvantes et émouvantes obsèques, Maryse Wolinski et sa fille Elsa se sont confiées et ont raconté leur Wolinski, lâchement assassiné dans les locaux de Charlie Hebdo comme 16 autres personnes au cours de l'équipée sanglante des trois assassins abattus par les forces de l'ordre.
Une fois de plus, Maryse raconte l'horreur et la manière dont elle a appris la mort de son Georges, par un appel de son gendre Arnauld Champremier-Trigano. "La surprise, le choc, l'effroi...", lâche-t-elle. Suivront des rendez-vous au quai des Orfèvres et à l'Institut médico-légal, ainsi que de nombreuses interviews dans les médias pour porter haut cette liberté d'expression si chère à son époux et qui a fini par le tuer. "Voir le corps de Georges m'a beaucoup apaisée, poursuit Maryse. Je peux vous dire que mon mari était très beau, les joues lisses, comme rajeuni de vingt ans. Lui qui détestait tellement l'idée de vieillir, est mort très en forme !"
Dans les jours qui suivirent l'attentat, l'épouse depuis plus de quarante ans de Georges Wolinski, prise dans un tourbillon médiatique, ne réalise pas. "Ce n'est que depuis l'incinération que je réalise seulement qu'il n'est plus là", ajoute-t-elle. Et Maryse peut compter sur sa fille Elsa pour affronter cette terrible épreuve. "Je suis là, je ne te quitterai jamais...", lui a dit Elsa juste après le drame. Cette dernière raconte comment ses deux filles ont pris la nouvelle du décès de leur grand-père, après que leur papa, Arnauld Champremier-Trigano, la leur a expliquée avec "les mots justes" : "Quand je suis rentrée à la maison, Lilah (9 ans) et Bianca (5 ans) ont couru vers moi : 'On sait maman, Georges est parti. On le retrouvera au ciel.' "
Grand-père "aimant" envers ses petits-enfants, à qui il faisait "beaucoup de blagues", Georges Wolinski s'endormait toujours "entouré des dessins de ses deux petites-filles". Un homme qui aimait avec passion son épouse, le couple formant "une équipe" qui "aimait être rien que tous les deux". Et Elsa Wolinski d'ajouter : "Pour un enfant, c'est très ennuyeux d'avoir des parents qui s'aiment autant !"
Aujourd'hui, Maryse Wolinski cherche à se "reconstruire", "à changer d'appartement", et ainsi à retrouver une certaine "stabilité" pour terminer l'écriture d'une pièce de théâtre. De Georges, elle retiendra sans doute son dernier achat, "une belle truffe, son péché mignon", ainsi que son dernier dessin, troublant, représentant un couple, Maryse et Georges, en train de faire l'amour, et "le double de Georges", tirant le bras de Maryse "vers un personnage que certains appelleront Dieu, d'autres le Grand Architecte". Et l'épouse meurtrie de conclure : "Quand j'ai découvert ce croquis, tellement prémonitoire, j'étais bouleversée."
Maryse et Elsa Wolinski, une interview croisée à retrouver dans les pages du Gala du 21 janvier 2015