Le 29 octobre, Gérald Dahan est convoqué dans le bureau de Philippe Val. Ce dernier le vire de France Inter. Officiellement, le contrat de l'humoriste est arrivé à terme, mais d'après l'humoriste et confirmé par le Canard Enchaîné, Dahan avait signé jusqu'à décembre. Quelques heures après son éviction, il balance à Libération.fr que son départ "fait suite à sa chronique face à Michèle Alliot-Marie". La veille, il s'était montré plutôt féroce avec le ministre de la Justice et s'attendait à "un recadrage". Val s'est montré plus expéditif.
Samedi 30 octobre, Laurence Bloch, directrice adjointe de France Inter se lâche dans Le Parisien : "Il n'y a pas de lignes éditoriales pour les humoristes. On a cru en Gérald Dahan, on a beaucoup discuté avec lui... Et on a conclu que ce qu'il faisait était très mauvais. Certaines imitations ont été pathétiques, comme celles de Frédéric Mitterrand ou Xavier Bertrand. [...] Certains critiquent le pouvoir, comme le Comte de Bourderbala, François Morel, Ben ou Sophia Aram. Mais ces gens-là le font avec style et talent." Coup de grâce dans le JDD : "L'argument politique [que Dahan avance], c'est le cache-misère de la médiocrité."
Pourquoi tant de haine ? Le Canard Enchaîné, daté du mercredi 3 novembre, propose une autre explication... pas piquée des hannetons. Vendredi, après que Dahan a évoqué une décision politique de la part de Val - un reproche qu'on lui a fait à maintes reprises quand il s'est séparé de Stéphane Guillon et Didier Porte - ce dernier décroche son téléphone "furax" : "T'as deux minutes pour me rappeler. Je t'encourage à le faire !" voilà la teneur du message qu'il laisse sur le répondeur de Dahan.
Quand il rappelle, nos confrères du Canard sont présents aux côtés de l'humoriste. Philippe Val demande à Gérald Dahan de démentir ses déclarations dans Libération et laisse entendre que sa proposition de partenariat entre la station et son spectacle en dépend : "Ce que tu as dit, il va falloir l'assumer ! Si tu ne dis pas que c'est pas politique, comment veux-tu qu'on trouve le moyen de retravailler ensemble." Val s'emporte : "J'en ai marre ! Même si je mettais Mélenchon à l'antenne, on continuerait à dire que je suis Sarkozyste !" Et menace : "Tu m'as mis dans la merde, je vais être obligé de t'enfoncer !" Comme Dahan refuse de se soumettre ( il a eu raison !), c'est donc Laurence Bloch qui s'y collé...
Et pourtant ! Le 29 septembre après une chronique sur Eric Besson, Dahan raconte que Laurence Bloch l'avait encensé : "Tu viens de gagner tes galons à France Inter. De toute façon, lorsqu'on tape sur le gouvernement, le noyau des auditeurs d'Inter est content." Et Val d'ajouter : "Comme quoi, ils ont été mal éduqués..." Une chronique excellente à (re)découvrir çi-dessus.
Ce mercredi, Gérarld Dahan persiste et signe. Dans une interview donnée au journal Sud-Ouest, il déclare : "Les dirigeants de France Inter ont le doigt sur la couture du pantalon et que l'on s'achemine vers une certaine forme d'autoritarisme. Ou tout du moins qu'on est dans un climat de peur des dirigeants politiques dont dépend le service public [...] Cette peur est tellement palpable que j'ai sincèrement l'impression qu'il y a une collusion entre France Inter et le pouvoir. Ou du moins une autocensure, et c'est peut-être pire." Il évoque enfin une "peur panique" des dirigeants de France Inter de perdre leur place.
Le ministère de Michèle Alliot-Maire déclare, bien évidemment, ne pas être intervenu dans cette affaire.
La case humour de la matinale de France Inter est donc assurée par Sophia Aram les lundis et mercredis, Ben les mardis et jeudis, et François Morel les vendredis. Pour ne pas se retrouver sur un siège éjectable, ils vont tous devoir tourner leur langue... 7 fois dans leur bouche !