Gérald De Palmas n'a jamais cessé de cultiver son image d'artiste bourlingueur, plus lonesome singer errant que globe-trotter, tant dans ses titres que dans son imagerie.
Avec lui, tous les chemins mènent à l'itinérance. Fruit de son exil volontaire et radical outre-Atlantique, à New York particulièrement, son dernier album studio original ne s'appelait pas Sortir pour rien. On en oublierait presque qu'il est aussi un amoureux serein, avec Gwen, et un père de famille comblé, avec Victor (15 ans) et Rose (8 ans).
De la même manière, c'est le single inédit L'Etranger qui tourne actuellement sur les ondes pour annoncer un premier album best of éloquemment intitulé... Sur ma route, à paraître le 7 novembre. A bientôt 41 ans, après pas loin de 25 ans dans le musique et une carrière qui a connu des sommets mais aussi de grandes incertitudes, et sanctionnée de cinq albums ainsi que deux Victoires de la Musique (1996, 2002), l'artiste aussi complet que discret dresse un premier bilan.
Pour Sur ma route, il avait commencé par se réapproprier la Marie de Johnny Hallyday, qui était en réalité la sienne. Mais avec L'Etranger, il revient à sa marque de fabrique, cette mélancolie nomade qui se plaît à voyager dans des décors déserts, des lumières brûlées, des environnements solitaires ou, à défaut de l'être, qui n'empêchent pas l'homme d'éprouver la solitude de sa condition - même en plein New York, De Palmas arrivait encore à se sentir irrémédiablement seul, comme le mettaient en scène les 25 courts métrages réalisés par Jérémiah (encore à l'oeuvre pour L'Etranger) dans Big Apple ou le clip de Dans une larme.
Comme dans Au bord de l'eau par exemple, les paysages défilent, une nature calcinée, une terre brûlée, la lumière au-dessus des nuages, la pénombre en-dessous, l'océan... Un autre road-movie spleenétique qui reflète les humeurs artistiques de De Palmas, au son de cette ballade au refrain anglophone et aux arrangements denses. Un artiste décidément élémental.
G.J.