"Si j'ai réussi à survivre aux aiguilles à tricoter de ma mère, de qui est-ce que je pourrais bien avoir peur ? De personne, et surtout pas de moi. J'ai une confiance absolue en moi, en mon destin." Ces quelques mots de Gérard Depardieu dans son autobiographie, Ça s'est fait comme ça, résument l'état d'esprit du monstre sacré du cinéma et expliquent comment il est arrivé à cette place de légende vivante. Dans cet ouvrage relativement court, il fait des confidences, truculentes, touchantes, surprenantes voire choquantes. On y apprend que, très jeune, il s'est prostitué...
Gérard Depardieu a quitté l'école parce qu'on l'a accusé d'un vol qu'il n'avait pas commis : "Ils ont profité de mon absence pour me mettre le vol sur le dos - forcément, un pauvre ! La caisse du maître d'école pour son cadeau de fin d'année avait disparu." À 10 ans, il traîne alors dans les rues. Son père, Dédé, ne s'inquiète jamais ("il n'arrive pas déjà à s'occuper de lui-même") et sa mère Lilette croule sous les obligations de mère. Un soir, il rôde dans une fête foraine : "Quand des mecs avec des gueules à la Lino Ventura, des camionneurs, des forains, me proposent de me sucer la b..., je réponds pognon, je dis mon prix. J'ai 10 ans mais j'en fais 15."
Plus loin, il ajoute : "Je plais aux homosexuels, je l'ai su très jeune, à 10, 12 ans, quand des types me prenaient en stop et me proposaient de me sucer la b... et que je leur réclamais du pognon. Et ça se confirme. Bientôt, j'aurai toute une bande de mecs accrochés à mon cul. J'en manipulerai certains pour les dépouiller, j'ai 20 ans, le voyou respire encore, et il m'arrive d'arracher les fils du téléphone, de démolir un mec et de repartir avec tout son fric."
"La rue ne te laisse rien passer", raconte l'ancien gamin de Châteauroux. Gérard Depardieu est un petit malfrat ivre de vie. Parmi tous ces larcins, il y en a un qui le fait tomber : un vol de voiture. En prison, le psychologue lui dit qu'il a des mains de sculpteur. Une phrase qui marquera à jamais celui qui, bien plus tard, incarnera Rodin dans Camille Claudel.
Viendra ensuite l'expédition à Paris, puis les premiers pas au théâtre et au cinéma. Mais avant, il y aura la rencontre avec un type, surnommé Morille, qu'il aide à dépouiller les morts : "On déterre ensemble le cercueil, il fait ses petites emplettes pendant que je me grille une cigarette et après ça, il est content."
Le livre de Gérard Depardieu fourmille de ces phrases au style inimitable. Une vie riche en couleurs mais aussi en épreuves, où son envie de vivre passait déjà par des excès, des provocations, des luttes incessantes contre l'ordre établi et le politiquement correct. Il ne ressemble à personne et c'est bien pour cela que le héros de Welcome to New York est autant admiré que critiqué.
Ça s'est fait comme ça, un livre de Gérard Depardieu aux éditions XO