Son nom est célèbre mais son histoire l'est moins. Soeur de Manuel Valls, Giovanna n'a pas eu la chance de vivre une existence aussi dorée. Drogues dures, prison, sida, cures de désintoxication... Pendant que le Premier ministre gravissait un à un les échelons en politique, sa petite soeur sombrait chaque jour un peu plus, malgré son aide. Heureusement, ce douloureux chapitre de sa vie étant clos, elle raconte son histoire dans un livre, Accrochée à la vie (éditions JC Lattès), qu'elle est venue présenter sur Europe 1.
Sa "vie d'esclave"
Tout a basculé en 1984 pour Giovanna Valls. Jeune et "fragile", en pleine rupture amoureuse, la soeur du futur Premier ministre se trouve à une fête chez des amis. C'est là qu'on propose à la jeune femme de 18 ans, qui n'a jamais touché à la drogue, sa première ligne d'héroïne qu'elle accepte après trois refus. "Dès le lendemain, je me suis dit 'je n'y retourne pas' mais j'y suis retournée", a-t-elle confié à Marion Ruggieri sur Europe 1. C'est le début d'une longue descente aux enfers pour la jolie brune, accro en à peine quinze jours...
Car la suite, c'est une "vie d'esclave". Partie un an plus tard à Barcelone, où elle est née, pour décrocher, Giovanna doit voler pour pouvoir payer ses doses. Dans la capitale catalane, elle fréquente le sulfureux quartier de Can Tunis et se met à voler dans les grands magasins - et uniquement là-bas - aux côtés d'une bande pour se payer ses 10, 15 ou parfois 20 doses par jour. Cures de désintoxication, tentatives de suicide, séjours en prison... la vie de la soeur de Manuel Valls plonge alors dans le chaos.
Sida et hépatite C
À la déchéance sociale s'ajoute la maladie pour Giovanna. Car si elle se sort de l'héroïne une première fois, pendant pas moins de quinze ans, elle bascule à nouveau dans la drogue en 1998, encore à cause d'une histoire sentimentale. Amoureuse d'un alcoolique, maltraitée, elle fait même une overdose. C'est là qu'elle découvre qu'elle est infectée par le virus du sida et devient presque une marginale. "J'ai passé des années à ne pas pouvoir me regarder dans un miroir", avait-elle raconté sur la chaîne catalane TV3.
La famille sera toutefois toujours là pour Giovanna. Ses parents Xavier Valls, artiste peintre catalan mort en 2006, et Luisangela Galfetti, mais également son grand frère Manuel, qui a "toujours su". "Il a toujours été près de moi et de mes parents. (...) Il a toujours demandé de mes nouvelles", avait-elle également expliqué à La Vanguardia. "Mon frère a suivi de près mon traitement et ma thérapie. Il appelait matin et soir ma mère pour savoir comment j'allais. (...) Il a vu souffrir mes parents", avait-elle ajouté, précisant que c'était le Premier ministre, alors député d'Évry, qui l'avait même poussée à raconter son histoire dans un livre, dont l'écriture a commencé en 2004. Quand il devient ministre de l'Intérieur et qu'elle débute une chimiothérapie pour soigner son hépatite C, elle s'inquiète toutefois : "Je lui ai demandé 'je te porte préjudice ?' et il m'a répondu 'la santé de ma soeur, c'est prioritaire'."
Un mariage l'année prochaine
C'est pour ses proches que Giovanna va finalement s'en sortir définitivement. De son quartier d'Horta à Barcelone, où elle vit désormais paisiblement, celle qui va même se marier l'année prochaine porte donc un regard tout particulier sur la politique du gouvernement de son frère et notamment l'expérimentation des salles de shoot, votée par l'Assemblée nationale en avril, et à laquelle elle est favorable. "Je sais que les gens ne veulent pas de cela près de chez eux mais c'est toujours mieux que le junkie au pied de la porte", a-t-elle dit sur Europe 1 en racontant avoir elle-même fréquenté de tels lieux. Elle a également ajouté qu'elle ne croyait pas aux drogues récréatives : "Je n'ai jamais pris mon pied avec la drogue." Et heureusement, car c'est désormais à la vie qu'elle est accrochée.
Accrochée à la vie de Giovanna Valls (éditions JC Lattès), en librairie depuis le 5 mai 2015.