La cérémonie des Golden Globes a rassemblé le gratin du gratin hollywoodien le 13 janvier à Los Angeles, célébrant, entre autres, le thriller politique Argo de Ben Affleck, Jessica Chastain pour Zero Dark Thirty ou encore Daniel Day-Lewis pour Lincoln. La France ne repartira pas avec un trophée, Intouchables et De rouille et d'os n'étant pas récompensés. Ce sera Amour, de l'Autrichien Michael Haneke avec les Français Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, qui décrochera le prix du meilleur film en langue étrangère. Animée par les truculentes Tina Fey et Amy Poehler, la soirée s'est déroulée sans fausse note, mais elle a laissé bon nombre de personnes déstabilisées par le discours de Jodie Foster, venue recevoir un prix d'honneur.
Jodie Foster a surpris et fait couler des larmes lors des Golden Globes dimanche soir, lorsqu'elle a reçu le prix Cecil B. DeMille. Sublime, l'actrice de 50 ans, déjà détentrice de deux Oscars, a choisi de faire un discours qui se démarque des "speechs" habituels, optant pour des confessions déstabilisantes et émouvantes, entre coming out et déclaration d'amour à sa mère.
Devant l'assistance et notamment ses deux fils, Jodie Foster déclare : "Je suis un peu nerveuse, mais pas autant que mon agent, n'est-ce pas Jennifer ? Mais vous savez, je vais me lancer. Mais j'ai besoin de votre soutien. Je suis... célibataire. Oui, je le suis. Non je plaisante. Je veux dire, je ne plaisante pas vraiment, mais je le fais un peu. Merci pour votre enthousiasme. J'espère que vous ne vous attendiez pas à un énorme coming out ce soir, parce que j'ai déjà fait mon coming out il y a mille ans." Elle explique avoir déjà parlé de son orientation sexuelle lorsqu'elle était une jeune fille fragile, se confiant à ses amis, sa famille et collègues, puis progressivement à tous ceux qui la connaissent. "Mais apparemment, on m'a dit que chaque célébrité doit donner les détails de sa vie privée lors d'une conférence de presse... ou une émission de télé-réalité", ajoute-t-elle avec humour.
Connue pour son extrême discrétion quant à sa vie privée, Jodie Foster a fait le choix d'une déclaration publique étonnante. Son homosexualité était connue officieusement, mais jamais elle n'en avait parlé de la sorte, une façon de soutenir la cause homosexuelle. Mel Gibson, son ami de toujours, n'a pas manqué pas de lui apporter son soutien par des sifflements.
Les larmes coulent ensuite lorsque la comédienne se met à rendre hommage à sa mère, atteinte de démence : "Je t'aime, je t'aime, je t'aime et j'espère que si je le dis trois fois, cela va de façon magique atteindre ton âme et t'emplir de grâce et de la joie de savoir que tu as fait le bien dans ta vie. Tu es une mère extraordinaire. S'il te plaît accepte ces mots avec toi quand tu seras prête à partir." Pour conclure, la star dira : "On dirait la fin d'une ère, et le début d'autre chose. Quelque chose d'excitant et d'effrayant. Je ne vais plus jamais être sur cette scène. Sur aucune autre, d'ailleurs. Je vais continuer à raconter des histoires, pour émouvoir les gens en étant émouvante : le plus beau métier du monde. Simplement à partir de maintenant, je tiendrais un autre 'bâton de parole', il ne sera pas aussi étincelant. Il ne sera pas sur trois mille écrans de cinéma. [...] Mais ce sera mon écriture sur le mur : Jodie Foster était là, et je suis encore là. J'ai envie d'être vue, comprise, et de ne pas être si solitaire. Merci, à tous, de votre présence."
Des mots déroutants de la part d'une des plus grandes actrices américaines aujourd'hui. Avec des touches de maladresse et une infinie sincérité, Jodie Foster entre dans l'histoire des Golden Globes avec un discours qui ne ressemble à aucun. Dans l'univers hollywoodien où tout est souvent bien lisse, elle se distingue comme jamais.