Les mots de Jodie Foster pour son ami, rencontré en 1994 pour le tournage de Maverick, sont puissants : "C'est un être incroyablement aimant et sensible, vraiment. Il n'est pas un saint et il a une grande gueule, il va dire des choses dégoûtantes qu'un petit garçon dirait. Mais j'ai su dès la première minute que je l'aimerai le reste de ma vie."
L'artiste oscarisée, mère de deux enfants, ne se voile pas la face sur le comportement difficile de Mel : "C'est une véritable personne, pas une silhouette en carton. Je sais qu'il a des problèmes, et quand on aime quelqu'un, on ne s'en va pas quand il doit lutter."
Le montage de son film s'est déroulé alors que Mel Gibson défrayait la chronique avec ses tourmentes conjugales et elle ne dément rien. Elle préfère s'apesantir sur sa performance, les yeux emplis de larmes : "Mon Dieu que j'aime cet homme. La prestation qu'il offre dans ce film, je lui en serai toujours reconnaissante. Il a apporté toute une vie d'épreuves à ce personnage, dont nous discutions depuis des années, et je savais que cela faisait partie de sa psyché, de ce qu'il est. C'est un aspect de lui qui est magnifique et que je voulais faire connaître au public. Jamais je ne regretterai d'avoir fait cela."
Toutefois, avec son étrange film qui raconte l'histoire d'un cadre en difficulté qui adopte une marionnette de castors à qu'il prête des sentiments humains, Jodie Foster n'entend pas exploser le box office : "Il y a dans mon film des acteurs célèbres [outre Mel, Jodie joue dedans, ainsi que la révélation de Winter's Bone, Jennifer Lawrence], mais ce n'est pas un film grand public. Je n'ai pas besoin de ce genre de films car ma carrière en tant que réalisatrice est un cheminement personnel, spirituel. Je n'ai pas besoin d'avoir du succès pour être reconnu, j'en ai déjà eu."
Le Complexe du castor devait à l'origine être une simple comédie réalisée par Jay Roach (Mon Beau-père et moi) avec l'hilarant Steve Carell. Finalement, Jodie Foster reprend le projet et en fait un film d'un autre genre avec Mel Gibson. Les producteurs ont accepté malgré le passif de l'acteur, étant rassurés par la présence de la réalisatrice devant la caméra également.
A coeur ouvert durant l'entretien, Jodie Foster évoque aussi sa mère, atteinte de démence : "Elle a 82 ans. Elle vie dans une maison avec beaucoup de soin." Néanmoins, elle n'en dit pas trop, ne voulant pas glisser sur ce terrain délicat.
Jodie Foster vient de terminer le tournage d'un autre long métrage, Carnage, avec un personnage controversé : le cinéaste Roman Polanski, en raison d'une affaire de crime sexuel sur une mineure de 13 ans datant des années 1970. Elle explique que sa façon de travailler est totalement différente de la sienne, estimant qu'il veut tout gérer. Quant à "l'affaire" dont il a été au centre, elle répond : "Ce ne sont pas mes oignons."
Parmi les autres projets de la star, il y avait le biopic de Leni Riefenstahl, photographe et réalisatrice associée au nazisme : "Je n'ai pas réussi à avoir le script qu'il fallait."
La sortie du Complexe du castor est prévue le 20 mai aux Etats-Unis. Ce film permettra-t-il à Gibson de redorer sa carrière qui bat de l'aile, après l'échec de Hors de contrôle l'an dernier ? Il peut, en tous les cas, être reconnaissant envers son amie Jodie Foster qui lui a fait confiance en le choisissant et tient des propos positifs sur lui, ce qui est plutôt rare ses derniers temps. L'homme, qui vient d'être grand-père pour la troisième fois, a d'ailleurs accepté de faire la promotion du film, se préparant à faire face à des questions portant sur sa vie privée...