"Je veux mourir dans la dignité, décider du jour et de l'heure." Tels sont les mots que Guy Bedos avait tenus face à Serge Moati, dans son émission De vous à moi. "Quand je vois la vieillesse de ma mère, de ceux qui sont dépendants, qui ont perdu leur autonomie, c'est un cauchemar, ça m'humilie", avait-il ajouté. Cette humiliation, l'humoriste cinglant et comédien, mort le 28 mai 2020 à l'âge de 85 ans, ne voulait pas la vivre, ni l'imposer à ses proches. C'est pourquoi, l'euthanasie est toujours apparue comme une évidence pour lui. "J'espère qu'un médecin ami me prescrira, si je le lui demande gentiment, une dose de cyanure", avait-il ensuite déclaré auprès de Télérama. Cette aide pour mourir, Guy Bedos l'a trouvée. C'est ce que son fils Nicolas Bedos révèle et raconte dans un long texte qu'il a écrit et qui est publié ce mercredi 12 mai 2021 dans l'Obs.
Près d'un an après la mort de son père, le réalisateur et acteur de 42 ans revient longuement sur la fin de vie douloureuse de celui-ci, qui a dû faire face à la maladie, "une cousine d'Alzheimer." Le but est là de montrer la réalité de la souffrance dans laquelle se trouve un être affaibli, qui ne demande qu'à partir. La publication de Nicolas Bedos ne doit rien au hasard, la question de l'euthanasie est à nouveau au centre du débat en France et des personnalités comme Françoise Hardy déplorent qu'elle ne soit toujours pas légalisée.
Cette défense de l'euthanasie, du droit à mourir dans la dignité, père et fils l'ont toujours partagée. "Mon père et moi avons toujours eu en commun une relation étroite avec l'envie de débrancher la machine, faisant de cette idée une sorte de compagne presque réconfortante en cas de désespoir, de déroute affective ou intellectuelle", confie Nicolas Bedos.
L'engagement de Guy Bedos pour le droit à l'euthanasie a été marqué par son implication active dans l'association ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) présidée par Jean-Luc Roméro. L'humoriste se lie d'amitié avec un médecin, dont Nicolas Bedos préserve l'anonymat et le désigne comme le "docteur T." dans son texte. Ce dernier s'est engagé à l'aidé à mourir, "le temps venu." Et il semble l'être en mai 2020.
"La nuit suivante sera la dernière. Longue. Bouleversante. Le lendemain, le flacon est plein. Mon père n'en a pas eu besoin pour offrir à son médecin l'état somnolent apparemment nécessaire à une intervention - qui eut lieu vers 17 heures", révèle Nicolas Bedos. Son père a été accompagné dans sa volonté de mourir dignement. Pour l'ex-compagnon de Doria Tillier, cette délivrance aurait dû intervenir plus tôt : "Il aura donc fallu qu'il baisse entièrement le rideau et ne pèse plus que quelques kilos pour que la société daigne choisir 'le jour et l'heure.'"
Quelques jours après son décès et ses obsèques célébrées en l'église Saint-Germain-des-Prés, à Paris, Guy Bedos a été inhumé dans le village de Lumio, en Corse, sous les applaudissements et en chansons.
L'intégralité du texte de Nicolas Bedos est à découvrir dans l'Obs du 12 mai 2021.