Les vannes apéritives servies par Laurent Ruquier et ses auteurs dans On n'est pas couché ne sont pas réputées pour être toujours légères et digestes, mais l'un de ces amuse-bouches, samedi 17 février 2018, est resté en travers de la gorge de plus d'un téléspectateur.
Dans la séquence d'ouverture rituelle de son rendez-vous vespéral, le maître de cérémonie a comme de coutume demandé à chacun de ses invités de choisir un portrait de personnalité parmi une sélection inspirée par l'actualité de la semaine. Lorsqu'est venu le tour d'Hélène Vincent, venue promouvoir avec Bruno Solo la pièce de théâtre Baby qu'elle met en scène et qu'il joue (en compagnie notamment d'Isabelle Carré et Camille Japy), celle-ci a jeté son dévolu, avec un enthousiasme non feint, sur Johnny Hallyday. Une joie spontanée vite tempérée par la gravité du sujet : la guerre terrible que se livrent autour de l'héritage du rockeur sa veuve, Laeticia , à laquelle il a tout légué, et ses grands enfants, Laura Smet et David Hallyday, déshérités.
La gravité n'évitant pas le danger, Laurent Ruquier s'aventure néanmoins sur le chemin d'un humour noir périlleux : "Il faut rappeler que Johnny n'a jamais vraiment réussi à écrire lui-même ses chansons, alors bon, son testament, on imagine qu'il ne l'a pas écrit tout seul, ne tarde-t-il pas à ironiser, suscitant des réactions pour le moins mitigées dans le public, visiblement un brin gêné. Il arrive encore à allumer le feu, ne serait-ce que dans sa famille..."
"La bonne nouvelle, c'est que cette polémique assurera la promo de l'album posthume qui sortira au printemps prochain", continue-t-il en faisant allusion à cet album autour duquel Laeticia et David et Laura se déchirent aussi. S'ensuit alors une séquence vidéo parodique (décidément le thème de la soirée sur France 2, qui proposait avant ONPC l'émission inédite Samedi, c'est parodie) dans laquelle le public découvre des versions "revues et corrigées par son notaire" de certaines des chansons les plus fameuses de Johnny : J'oublierai ton nom devient "J'oublierai vos noms", alors que ceux de David et Laura s'effacent du testament ; Noir c'est noir donne "Blanc sur noir (...) Oui, c'est écrit, pas un radis", illustrée par des images de la famille du défunt lors de ses obsèques ; Que je t'aime se transforme en "Que je lègue", images de ses biens immobiliers à l'appui, et Da dou ron ron, encore plus subtilement, en "T'as tous les ronds, oui, t'as tous les ronds"...
En plateau, la mine affligée d'Hélène Vincent et l'ambiance semblent en dire long sur l'accueil de cette "succession de tubes". Et de même sur Twitter, où quelques-uns ont exprimé avec beaucoup de franchise leur malaise, parlant d'une parodie "indécente", "ignoble pour la famille"...