Isabelle Adjani sera à l'affiche le 4 juin du film choral d'Audrey Dana, Sous les jupes des filles. Puis elle trouvera le chemin des planches dans une pièce inédite de Carey Perloff, Kinship, en octobre au théâtre de Paris, dans laquelle elle tombe amoureuse du jeune et troublant Niels Schneider. La comédienne aux cinq César se réjouit de reprendre le travail après une escapade américaine auprès de son fils Gabriel-Kane. Cette semaine, elle donne une superbe interview à Paris Match, dont elle fait évidemment la couverture, dans laquelle elle évoque ses fils et l'amour.
Gabriel-Kane, né en 1995 de sa relation avec Daniel Day-Lewis, étudie à l'université de Boston. Isabelle Adjani revient tout juste de lui rendre visite, elle en a profité pour revoir New York et Los Angeles. Fils de deux acteurs d'envergure (cinq César pour Isabelle, trois Oscars pour son père), Gabriel-Kane est un passionné de musique comme son demi-frère aîné Barnabé (bassiste de The Aikiu), fils d'Isabelle et Bruno Nuytten, réalisateur du magnifique Camille Claudel en 1988. "Je suis contente d'avoir deux garçons, confie Adjani à Paris Match. Ce sont mes joyaux. Si j'avais eu une fille, j'aurais tellement peur pour elle que je l'aurais élevée comme une égoïste impitoyable, comme une redoutable tueuse, c'est-à-dire le contraire de ce que je suis."
À 35 ans, Barnabé a trouvé sa voix. Son petit frère, lui, se cherche peut-être encore, du côté du rap. Passionné mais raisonnable, il fait des études et tâche d'être le plus indépendant possible. "Comme pour tous les enfants de gens célèbres - là je parle de son père (...) -, c'est loin d'être facile pour un fils", observe Isabelle Adjani qui dit conserver des liens étroits avec Daniel Day-Lewis. Dans une chanson remarquée publiée en novembre dernier, Gabriel-Kane évoquait ses parents et, notamment, la solitude de sa mère : "J'ai tant de peine pour ma mère qui n'a eu personne dans sa vie à part mon frère aîné et moi." L'intéressée y voit une chanson de "mal-être adolescent" : "Il sait, sans avoir été témoin de tout car j'ai fait en sorte de l'en protéger, la succession des déceptions, des chagrins et des pertes que j'ai pu vivre."
Pertes et chagrins
Sans prétendre être une mère parfaite, Isabelle Adjani explique avoir plutôt été du genre à faire passer ses fils avant sa carrière. Avec le recul, elle aurait aimé ne plus tourner qu'avec Bruno Nuytten après la naissance de Barnabé, un peu comme le couple que formaient à la ville comme au cinéma Jean-Luc Godard et Anna Karina. Ses histoires d'amour, l'actrice dit ne pas en conserver que des souvenirs heureux. À la naissance de Gabriel-Kane, par exemple, Isabelle Adjani a fait une dépression en raison de sa rupture avec Daniel Day-Lewis. Une succession de chagrins et de pertes...
Évidemment il y a la mort de son frère, Eric, d'un arrêt cardiaque le soir de Noël en 2010. "Sa fragilité n'a pas trouvé de refuge dans cette vie terrestre", résume avec pudeur l'actrice. Et il y a tous les hommes qui ont pu la blesser amoureusement. Dans Paris Match, Isabelle Adjani dit que la fidélité "n'était pas dans les cartes qui [lui] ont été distribuées". Ce qui ne l'empêche pas d'être heureuse - "J'ai la capacité d'être seule en le vivant bien" - bien qu'un partenaire lui manque, "celui avec lequel on prend des décisions sérieuses avec le fou rire".
Discrète sur ce qu'elle recherche chez un homme, Isabelle Adjani révèle cependant qu'il devra d'abord plaire à ses fils. "Leur grande idée, ce qu'ils me répètent, c'est : 'Jette ton dévolu sur un homme plutôt que laisser un homme le faire.' Eh bien nous allons avoir." L'actrice n'est pas prête à tous les sacrifices : "Pour troubler la paix de ma solitude, il faudra vraiment que ça en vaille la peine."
Paris Match, en kiosques le 28 mai 2014.