Jacqueline Sauvage est immédiatement libérable et sera libérée dans la soirée. Condamnée définitivement en décembre 2015 à dix ans de réclusion criminelle pour le meurtre en 2012 de son mari violent et abusif, affaire qui a mis les violences conjugales au coeur des débats et a suscité une forte mobilisation populaire, elle va pouvoir quitter la prison de Reau (Seine-et-Marne) au bénéfice d'une grâce présidentielle totale accordée mercredi 28 décembre 2016 par le président de la République François Hollande.
Un peu moins d'un an après une grâce partielle, notamment de la période de sûreté, le chef de l'Etat a cette fois accordé "une remise gracieuse du reliquat de sa peine d'emprisonnement", qui "met fin immédiatement à sa détention", a indiqué l'Elysée : "Le président de la République a estimé que la place de Mme Sauvage n'était plus aujourd'hui en prison, mais auprès de sa famille", précise le communiqué émanant du palais présidentiel.
Dans le camp de Jacqueline Sauvage, la joie sera à n'en pas douter à la hauteur de l'incompréhension et de la colère que sa condamnation avait provoquées. La première, son avocate, Me Nathalie Tomasini, s'est dite "terrassée par la joie et l'émotion" après avoir "porté ce dossier à bout de bras" : "Je suis tellement heureuse, c'est le résultat d'un an de travail acharné", a-t-elle ajouté, confiant qu'elle était au courant de la décision mais ne pouvait pas s'exprimer car "tenue à un devoir de réserve". Une joie d'autant plus grande que la demande de libération conditionnelle (accessible mi-avril 2016) déposée en début d'année suite à la grâce partielle accordée le 31 janvier 2016 avait été rejetée en première instance, puis en appel, au motif que la réflexion de Jacqueline Sauvage demeurait "pauvre et limitée puisqu'elle pein(ait) encore" à accéder à un "authentique sentiment de culpabilité".
Selon les précisions apportées par le communiqué de l'Elysée, les trois filles de Jacqueline Sauvage, Sylvie, Carole et Fabienne, qui avaient témoigné à charge contre leur père lors du procès de leur mère, expliquant avoir été violées et battues comme elle-même l'a été pendant 47 années de calvaire, ont adressé tout début décembre une lettre à François Hollande. Une supplique, dans laquelle elles se disaient "désespérées", "inquiètes pour son état de santé" et "craignant pour sa vie", qui a semble-t-il touché la corde sensible du président, lequel a saisi le 9 décembre son ministre de la Justice sur cette question.
Le calvaire de Jacqueline Sauvage, son sort décidé par la justice ainsi que la question sensible de la légitime défense dans les cas de violence conjugale avaient profondément ému la France et de nombreuses personnalités publiques de premier plan s'étaient mobilisées pour aider sa famille et appeler le président à intervenir, à l'image d'un comité de soutien présidé par la comédienne Éva Darlan.
La remise en liberté de Jacqueline Sauvage doit avoir lieu dans la soirée : "Nous venons d'être informés du décret de grâce de Mme Sauvage. Sa remise en liberté effective est imminente, ce qui veut dire qu'elle devrait intervenir dans la soirée, le temps d'accomplir certaines formalités administratives", a précisé à l'AFP le parquet de Melun.