Avec un tel nom d'artiste et une voix si vraie, Jali ne peut que nous inviter à partager avec lui des voyages dont la richesse est simplement d'exister. On ne le connaît pas, mais il nous incite à rêver déjà d'un nouveau griot, un djéli des temps modernes, issu d'une lignée et d'une tradition immémoriale de l'Afrique noire perpétuée par le sang. On espère qu'il est, peu ou prou, de ceux-là, dépositaire de la parole, du chant et de la musique.
La promesse du voyage, on peut s'y tenir comme à la barre du navire, car le bourlingueur en chef Bernard Lavilliers lui a octroyé d'ouvrir la route en première partie des dates de sa tournée. Jali précédera le chantre envoûtant et passionné des Causes perdues et musiques tropicales à l'Olympia de Paris le 12 mars, puis aux Zénith de Toulouse et Nantes les 25 et 31 mars, en encore durant tout le mois d'avril. Jali sera par ailleurs seul en scène à la Boule noire le 16 avril.
Appelez-le plutôt Capitaine Jali, d'ailleurs, avant d'embarquer à bord de l'Española, son premier morceau qui vogue aux quatre vents. Retraçant le périple épique d'un gamin en sandales narguant l'inégalité des chances, une "course vers l'horizon" enjambant l'Océan par le détroit de Gibraltar, L'Española, à découvrir ici dans une version acoustique (guitare-basse-percu) qu'on aimerait vraiment voir devenir en l'état une version album, révèle une écriture élégante et franche, un chant authentique et rayonnant, qui porte le sourire tangible de son auteur comme une courire.
Et quand on découvre Rien de neuf sous le soleil, une autre compo de Jali, on se surprend à entendre des accents du très regretté Mano Solo, dans ce "désolé" lâché urgemment d'une voix échaudée et cette moiteur de la guitare...
Jali, le début du voyage.
G.J.