C'est aujourd'hui que sortent "ses" Dernières confessions. Trois mois après le décès de Jean-Luc Delarue, le 23 août, des suites d'un cancer de l'estomac et du péritoine, la journaliste Marie Bernard publie ce texte poignant. A l'heure d'une nouvelle histoire de "fille cachée", elle dévoile ainsi un long entretien avec l'animateur, réalisé en mars 2011, dans lequel cet "homme blessé" revient sur son addiction aux drogues et son enfance "difficile". Purepeople.com découvre pour vous cet entretien...
Une thérapie avortée
Ses confessions, Jean-Luc voulait les écrire avant qu'elles ne deviennent les dernières. Et puis, l'animateur, ou bien l'homme, a finalement décidé de ne pas aller jusqu'au bout. Une auto-thérapie avortée, en somme. "Il y a deux ans, j'ai voulu écrire un livre qui racontait mon histoire. Un livre qui racontait mon jeune âge. Mais un enfant blessé s'est réveillé en moi, et c'est à cette période de ma vie que j'ai vraiment basculé dans les problèmes de cocaïne." Ce sont les premiers mots de Jean-Luc face à cette journaliste qui, venue pour mettre en avant ses problèmes d'addiction à la drogue, va finalement devenir "une sorte de confidente" de l'animateur pendant plus de quatre heures, comme elle l'explique aujourd'hui dans les pages de TéléObs.
L'animateur de Ça se discute, le créateur de la télé-réalité, avoue que "cette histoire est de celles qui contiennent des blessures qui ne se referment jamais". En voulant s'ouvrir, il révèle ses blessures intimes et ne le supporte pas : "Et moi, en voulant les sortir, je les ai mises à vif, et c'est alors que ça a explosé. Je suis retombé dans l'alcool et puis, pour tenir debout, dans la cocaïne. J'ai eu besoin de cela pour couper le son."
Un alcoolisme précoce
Marie Bernard décrit un homme tendu. Malgré tout, il l'entraînera dans les recoins les plus intimes de sa vie. Si la journaliste veut aborder le thème de la cocaïne, il débutera ses confessions par son rapport à l'alcool. Pour lui, c'est en effet l'alcool qui est à l'origine de tout. Jean-Luc Delarue fait le lien entre son alcoolisme précoce et son "enfance difficile". "Aussi loin qu'il me souvienne, j'ai eu une enfance difficile. Je me souviens de beaucoup de bruit, beaucoup d'engueulades entre mes parents qui ne s'entendaient pas du tout."
Il reproche à ses parents de ne pas avoir été assez attentifs à son égard. Il se souvient du jour où le pédiatre a réalisé qu'il avait le nez cassé, chose que ses parents n'avaient même pas remarquée. Pour lui, tout part de là : "Les parents doivent être attentifs à ne pas créer des bombes à retardement chez leurs enfants, dites-le bien. S'ils n'y veillent pas, leurs enfants auront des problèmes, soit tout de suite, soit ces problèmes enfouis ressortiront beaucoup plus tard." Ses parents divorcent alors qu'il n'a que 6 ans. Un traumatisme dont il ne se remettra finalement jamais.
Il découvre ainsi l'alcool très tôt. "J'ai découvert à l'âge de 15 ans que ce produit me permettait de me désinhiber, en même temps qu'il me protégeait de l'extérieur, notamment de ce que je considérais comme des agressions et des humiliations de la part de ma famille", déclare-t-il. Il voit alors dans l'alcool une issue de secours.
Sa première cuite à 17 ans avec son grand-père, cette habitude qu'il avait prise de remplacer par de l'eau chaque verre de whisky qu'il "volait" dans la bouteille familiale, Jean-Luc donne tous les détails de son alcoolisme grandissant. Il pointe alors à nouveau le facteur famille : "Certains facteurs génétiques prédisposent à l'addiction. Dans ma famille, nous connaissions déjà des problèmes de dépendance depuis plusieurs générations." A 20 ans, il se souvient que l'ébriété devient son état préféré.
"C'est l'alcool qui est entré le premier dans ma vie. Je ne sais pas ce qui s'est passé. J'ai plongé dans l'alcool, et l'alcool est la porte d'entrée dans la drogue..."
Rabaissé par sa famille
Dans sa famille, Jean-Luc Delarue se sent sans cesse rabaissé. Il est complexé. Il le sera tout au long de sa vie. Il évoque ces comparaisons incessantes avec son frère : "J'ai un frère de deux ans de moins que moi. Contrairement à moi, il a toujours été un très bon élève. Dans ma famille, une grosse blague consistait à dire que mon frère et moi serions tous deux fonctionnaires – lui, président de la République, et moi facteur." Mais aussi une grand-mère, Renée, qui était "sa bouée de secours". Chez elle, pas de comparaison. Il se sent aimé par cette femme qui fait très attention à lui et va même jusqu'à vérifier s'il ne se drogue pas. "Quand j'étais petit, je ne me piquais pas. Pourtant, elle regardait toujours mes bras pour voir si je me piquais, et c'est quelque chose qui me plaisait beaucoup, parce que cela signifiait qu'elle faisait attention à moi."
"Que les ados se sentent aimés inconditionnellement, je crois que c'est la clef..."
La cocaïne : un acte solitaire
Il commence à prendre de la cocaïne alors qu'elle "était à la mode dans la pub". La première fois qu'on lui en propose, il la consomme dans le studio qu'il loue à son père, seul. De cette expérience solitaire, il retient "la sensation de décoller". Ses prises resteront toujours un acte solitaire. "Jamais avant ou pendant le travail, jamais en vacances, jamais devant ni avec les autres. Lorsqu'on lui demande où l'on peut s'en procurer, il répond qu'il ne sait pas. Lorsqu'on lui en propose, il dit qu'il n'en veut pas. Il tient à sa solitude. Cette pudeur est peut-être la dernière part d'humanité qu'il trouve en lui lorsqu'il se regarde dégringoler." Il prend ce produit pour l'aider à dépasser l'état alcoolique : "Au départ, j'ai consommé la cocaïne pour remplacer l'alcool puis pour tenir debout." Il n'a jamais fait l'apologie de la drogue.
Il parle aussi de cette folie du travail. Il regrette d'avoir confondu "réussir dans la vie" et "réussir sa vie". Et puis il arrive à sa rédemption, Anissa Khel, celle qui deviendra la femme de sa vie - elle brisait le silence il y a quelques jours. Celle qui lui apportera la seule "drogue" dont il a finalement besoin : le "STA", comme il l'appelait, "Sois Tendre et Affectueux".
"Dernières Confessions", Marie Bernard, aux Editions du moment, 12 euros.