"Le soir du 24 décembre, je dîne d'un simple bout de fromage, d'une soupe, et je me couche à 21h30 !" Pourfendeur de la malbouffe et apôtre de la bonne, on aurait tendance à croire que Jean-Pierre Coffe ne manquerait certainement pas une occasion telle que le réveillon de Noël de faire bonne chère. Las, le septuagénaire, abîmé par la vie, n'a vraiment pas le coeur à la fête lorsque vient la date fatidique.
En 2015, Jean-Pierre aura défrayé la chronique avec ses mémoires, Une vie de Coffe (éditions Stock), et les révélations qu'elles contiennent. Des confessions très intimes et, à son image, volubiles, sur notamment sa découverte de l'homosexualité, sa bisexualité et son compagnon, l'avortement en cachette de sa première épouse ou encore ses déplaisants souvenirs de Jean-Luc Delarue. "A 77 ans, je suis en phase terminale, je n'ai plus rien à cacher", assénait-il pour justifier la déferlante de ses quatre vérités.
A l'approche des fêtes de fin d'année, l'écrivain, critique gastronomique et animateur a révélé une autre de ses fêlures au magazine France Dimanche, tandis qu'ils arpentaient ensemble les allées du marché de Noël d'Asnières-sur-Seine, en région parisienne, tout en évoquant L'Almanach qu'il publie chez Flammarion pour 2016. Contexte oblige, l'occasion était trop tentante de demander à ce roi des bons repas ce que représente pour lui la fête de Noël. Contre toute attente, la réponse fait l'effet d'une douche froide : "Pas grand-chose. Quand j'étais petit, pendant la Seconde Guerre mondiale, je me souviens qu'on avait surtout peur de se prendre des bombes sur la tête, se remémore l'homme né en 1938 à Lunéville, en Lorraine, dont le père est mort au combat en 1940 sans qu'il l'ait connu, mobilisé dès 1937. Je me rappelle aussi avoir reçu comme cadeau une vulgaire orange enveloppée dans du papier aluminium. Ça m'a marqué. Voilà pourquoi je n'aime pas cette fête."
J'ai même envisagé de tout arrêter
Qu'on se rassure, s'il fait l'impasse sur Noël, Jean-Pierre Coffe ne se laisse pas aller à la morosité lors des fêtes de fin d'année. "Je ne me refuse rien", clame-t-il en récitant la liste des mets stars en cette période, mais en précisant aussi qu'il a le reste de l'année une alimentation équilibrée et s'entretient en marchant quotidiennement. Et puis, fi de Noël, il se rattrape avec le réveillon du Nouvel An : "J'invite chez moi, à la campagne, des amis qui se retrouvent seuls ce soir-là, des gens qui ont eu une année difficile. J'en profite pour faire un gros festin", confie cet intarissable bon vivant, qui en profite pour accorder à France Dimanche la primeur de son menu - soupe d'huîtres, boudin blanc et purée de bananes, jambon de Virginie ("un jambon aux clous de girofle avec de l'ananas confit"), et, en dessert immuable, "une charlotte aux pommes confites, sans biscuit".
Des idées de menus, des recettes, mais aussi des anecdotes instructives et des adresses d'artisans, Coffe en partage plein dans son Almanach édité pour 2016 chez Flammarion. Un ouvrage qui lui a remis le pied à l'étrier, alors qu'il était "très fatigué moralement" suite à la rédaction de son autobiographie : "Je me suis demandé si je n'avais pas tout dit, si j'allais réussir à écrire autre chose après ça. J'ai même envisagé de tout arrêter, avoue l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages. Puis je suis tombé sur un almanach, et ça m'a donné envie d'en faire un à ma sauce !"
Entretien avec Jean-Pierre Coffe à retrouver en intégralité dans France Dimanche n°3617, actuellement en kiosques.