Non, la vénérable reine Elizabeth II n'a cette fois pas joué les James Bond girls et sauté en parachute aux couleurs de l'Union Jack dans une mise en scène assurée par un grand nom du cinéma, tel qu'on a pu le voir lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres 2012. Mais le spectacle était néanmoins bien au rendez-vous hier soir, mercredi 23 juillet 2014, pour la cérémonie d'ouverture des Jeux du Commonwealth 2014 à Glasgow, et la monarque âgée de 88 ans, accompagnée par son époux le duc d'Edimbourg, a apprécié.
Le temps d'une soirée, l'horizon tout proche du référendum sur l'indépendance de l'Écosse, qui doit se tenir le 18 septembre 2014, a disparu, pour ne laisser que la fierté d'être britannique et d'accueillir l'élite sportive de tout le Commonwealth. Au Celtic Park de Glasgow, qui succédait à New Delhi dans l'organisation du rendez-vous, le meilleur de l'Écosse était réuni pour faire l'unanimité à l'heure de donner le coup d'envoi des 20e Jeux du Commonwealth : sur scène, le rockeur Rod Stewart, Susan Boyle, Amy McDonald et Bill Connolly, mais aussi des kilts, du tartan, un John Barrowman affublé d'un accent à couper au couteau et qui a embrassé sur la bouche un des figurants, des clubs de golf, un haggis géant (plat typique de panse de brebis farcie) ou encore une escouade de 41 Scottish terriers ont mis l'ambiance. Dans le monde entier, près d'un milliard de téléspectateurs suivaient devant leur écran ce show bon enfant plein de vie, d'auto-dérision... et de moyens (20 millions de livres sterling, soit 25 millions euros environ). Sur place, un écran géant de plus de 90 mètres diffusait des images en lien avec l'histoire du pays.
La souveraine a mis en exergue les liens qui unissent les 71 nations et territoires (53 pays sont membres du Commonwealth, mais un certain nombre de territoires participent aux Jeux sous leur propre drapeau), et souligné les "idéaux et ambitions" communs au sein du Commonwealth en lisant le message contenu par le bâton des Jeux, arrivé au terme d'un long relais de 288 jours à travers les 71 territoires impliqués, inauguré par ses soins à l'automne dernier. Amusée en voyant le prince Imran de Malaisie, président de la Fédération des Jeux du Commonwealth, lutter pour desceller le bâton, Elizabeth II a applaudi quand il y est parvenu et qu'elle a pu lire le message qu'elle y avait enfermé, et déclarer ouverts les Jeux. Un message disponible en intégralité sur le site de la monarchie.
La cour britannique, à la pointe des réseaux sociaux, a mis en ligne une page Storify, et la famille royale était bien représentée au Celtic Park, bondé de 40 000 spectateurs : outre la reine et le prince consort, le prince Charles et son épouse la duchesse Camilla, qui effectuent ce mois leur traditionnelle tournée estivale en Écosse, étaient présents, de même que la comtesse Sophie de Wessex, rentrée bien bronzée de ses vacances en famille à Ibiza.
Parmi les temps forts de la cérémonie, l'acteur, chanteur, danseur et présentateur américano-écossais né à Glasgow John Barrowman, ouvertement gay et marié, a fait sensation en embrassant à pleine bouche un figurant d'un tableau, un geste fort au regard des 42 pays du Commonwealth n'acceptant pas l'homosexualité. L'Australien Ian Thorpe, qui vient de faire son coming out lors d'une interview télévisée après des années de dénégations, était par ailleurs porte-drapeau lors de cette soirée inaugurale.
Dans un autre registre, l'ombre du drame du vol MH17 de la Malaysian Airlines a plané lorsqu'une minute de silence a été observée dans le stade et lorsque la délégation malaisienne, comprenant notamment des hôtesses de l'air de la compagnie aérienne frappée par deux catastrophes en peu de temps, a défilé, portant un brassard noir en signe de deuil.