Il y a plus de vingt ans, John Malkovich et Glenn Close complotaient dans l'obscurité d'un château pour humilier Michelle Pfeiffer dans l'adaptation des Liaisons dangereuses de Stephen Frears, récompensée par trois Oscars et quatre autres nominations. Sur les planches du théâtre parisien de l'Atelier, l'acteur américain dépoussière les mots de Choderlos de Laclos dans une adaptation moderne où les personnages utilisent les SMS pour vanter leurs exploits sexuels.
Comme le montre le remake Sexe intentions, avec Sarah Michelle Gellar, Ryan Phillippe et Reese Witherspoon, Les Liaisons dangereuses traverse les époques et conserve sa justesse. Passionné par les correspondances entre Merteuil et Valmont, John Malkovich constate que la lutte entre les hommes et les femmes "n'a pas beaucoup changé depuis l'époque de Choderlos de Laclos. (...) On fait une espèce de mélange entre le XVIIIe siècle et maintenant."
Un parcours unique
À étudier de près la carrière du comédien, sa présence dans un théâtre parisien, deux ans après son Molière pour la mise en scène de Good Canary avec Vincent Elbaz, n'a plus rien de surprenant. Révélé dans les années 80 avec Roland Joffé (La Déchirure) et Steven Spielberg (L'Empire du Soleil), John Malkovich manifeste très vite une attirance pour les cinéastes à part. Parallèlement à ses rencontres avec Bernardo Bertolucci (Un thé au Sahara), Woody Allen (Ombres et Brouillard), Michelangelo Antonioni (Par-delà les nuages), Jane Campion (Portrait de femme) et Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovich), il trouve sa place à Hollywood et décroche deux nominations aux Oscars. Il y a quelques mois, il incarnait d'ailleurs le patron hystérique de Shia LaBeouf dans Transformers 3 : La Face cachée de la Lune et tourne actuellement As Linhas de Torres, un étrange projet avec Catherine Deneuve et Isabelle Huppert.
John Malkovich et la France
Au cinéma, le lien entre John Malkovich et la France est marqué par de nombreuses collaborations au fil des années : L'Homme au masque de fer, Jeanne d'Arc de Luc Besson, Les Âmes fortes avec Laetitia Casta, et les version télévisées des Misérables et de Napoléon. Dans la sphère intime, l'acteur explique au Figaorscope que l'histoire remonte à la veille de son mariage avec l'actrice Glenne Headly, au début des années 80, lorsqu'elle "a appris que son père biologique était encore en vie. Depuis son plus jeune âge, sa mère lui cachait la vérité". Lancé sur la piste de son beau-père à Paris, John Malkovich découvre alors la ville, "une prison d'inspiration", commente t-il avec humour.
D'origine française, écossaise et croate, John Malkovich ne manque pas de mots pour expliquer ce que provoque la capitale française en lui : "Vivre à Paris a quelque chose de très dur, de très agressif. Au-delà du côté parfois désagréable de certains de ses habitants, les gens y apparaissent très stressés. (...) Plus que les new-yorkais, qui réussissent l'exploit d'être désagréables... mais sans être stressés." Pendant qu'il travaille sur la pièce de théâtre, il confie : "Je vis dans une maison dans le Xe arrondissement, où je peux faire venir ma famille."
Alors que The Artist continue fièrement son bout de chemin jusqu'aux Oscars, l'acteur avoue avoir adoré le film : "J'aime beaucoup Jean Dujardin, que j'avais déjà vu dans Brice de Nice avec mes enfants. Ils l'ont vu au moins quinze fois !" La preuve ultime que John Malkovich ne manque jamais une occasion de surprendre.
Les Liaisons dangereuses, au théâtre de l'Atelier à partir du 12 janvier.