Depuis lundi 11 décembre 2017, Johnny Hallyday repose au petit cimetière de Lorient à Saint-Barthélemy, son île chérie des Antilles françaises, ce lieu qu'il aimait tant et avait choisi. La presse française continue de lui rendre hommage ; Johnny s'affiche partout. À l'instar de Grazia, Madame Figaro a ressorti de ses archives une interview passionnante du rockeur. Celle-ci date de 2007 et a été réalisée par l'écrivaine Christine Angot, bien avant qu'elle ne devienne la chroniqueuse si décriée d'On n'est pas couché... Bien que très différents, ces deux esprits indomptés se sont très bien entendus. Au point que Johnny a ouvert son coeur sur l'une de ses plus grandes blessures.
Bien sûr, il y a l'abandon de ses parents, ce père vagabond qu'il n'a jamais pu sauver, mais il y aussi cet énorme malentendu autour de son intelligence. Quand Christine Angot demande à Johnny Hallyday ce qu'était son combat à lui "pour survivre", il répond : "Ce qui m'a fait le plus mal dans ma vie, ça a été le mépris. Je n'étais pas allé à l'école, donc il y a des choses que je ne connaissais pas, et on me traitait d'abruti. Pendant longtemps, je n'osais pas parler dans les interviews, parce que Johnny Stark, mon premier manager, me disait : 'Moins tu parles aux journalistes, moins tu diras de conneries ! Alors, ne parle pas.' Et, du coup, je disais 'oui' ou 'non'." Johnny Hallyday se souvient aussi que l'absence de son père lui valait des insultes sur sa mère, on lui disait qu'elle l'avait eu un Allemand. C'était d'autant plus difficile que sa tante, qui l'élevait, était marié à un collabo. Le couple n'avait donc pas scolarisé Johnny par peur des représailles.
Cette blessure a été vive dans les années 1980 à cause de sa marionnette très caricaturale dans Les Guignols de l'info. Le rockeur a été blessé par cette poupée de latex qui répétait inlassablement "Ah que coucou !" Il pensait alors à ce que pouvait entendre sa fille Laura dans la cour de l'école. Pour son ami de près de quarante ans et ancien producteur Jean-Claude Camus, c'est bien le plus grand malentendu autour de Johnny Hallyday : "Johnny est très intelligent et cultivé, affirmait Camus dans Closer avant le décès de la star. On l'a fait passer pour un benêt pendant des années. C'est la présence de Nathalie Baye à ses côtés qui a renversé l'opinion."
À Christine Angot, l'époux de Laeticia confie aussi : "Je ne supporte pas non plus les gens qui humilient les autres parce qu'ils ont de l'argent." Chacun de ceux qui ont eu la chance de le fréquenter pourrait donner un exemple de la grande générosité de Johnny Hallyday.
Madame Figaro, en kiosques ce 15 décembre 2017.