José Anigo vient sûrement de vivre les mois les plus difficiles de sa vie. Le 5 septembre dernier, le coach de l'OM a vécu un terrible drame avec la perte de son fils Adrien, tué par balles en pleine rue à Marseille. Une tragédie que certains supporters mécontents n'ont pas hésité à utiliser contre lui, taguant récemment sa maison d'un "Pk Adrien et pas José ? Anigo mafia" d'une violence inouïe. Des coups durs dont l'entraîneur de l'OM tente aujourd'hui de se remettre comme il le raconte dans une interview accordée au blog d'Hélène Foxonet, ex-joueuse qui suit l'OM pour L'Équipe depuis plusieurs décennies...
"J'ai déjà lâché un de mes enfants dans la nature et je l'ai perdu, je ne veux pas recommencer"
Il est sûrement revenu dans la lumière au pire des moments. Mais lorsqu'en décembre dernier, deux mois après le drame, le président du club Vincent Labrune propose à José Anigo, alors directeur sportif, de revenir sur le banc de l'OM, ce dernier accepte. Malgré la terrible épreuve qu'il vient de traverser et la pression inhérente à un tel poste. "Est-ce que c'était le bon moment pour moi de reprendre le club, je n'en suis pas certain", reconnaît aujourd'hui José Anigo, qui a toujours dit vouloir ne rester que jusqu'à la fin de la saison sur le banc.
Car le drame personnel qu'il a vécu lui a évidemment fait prendre du recul sur le football, sa passion depuis toujours. "Ce qui s'est passé dans ma vie récemment a entraîné des complications familiales vraiment importantes. Je ne veux pas rentrer dans les détails. Tout ça me fait considérer un peu le foot entre parenthèses, parce que j'ai déjà lâché un de mes enfants dans la nature comme ça et que je l'ai perdu, je ne veux pas recommencer. Mes filles [âgées de 17 et 13 ans, NDLR] ont besoin de moi", confie le coach, déjà sur le banc de l'OM en 2001-2002 et entre 2003 et 2005.
"Je ne suis pas un enfant de coeur mais pas autre chose"
Il faut dire que le meurtre de son fils a une nouvelle fois jeté le trouble sur l'image de José Anigo souvent accusé d'entretenir des liens étroits avec le "milieu" local. Ce dont il s'est toujours défendu. "Il faut arrêter avec ça ! C'est de la pure fiction. Je le dis depuis des années mais personne ne m'entend. (...) Je comprends les gens qui pètent les plombs parce qu'on leur a foutu une étiquette qui n'était pas leur. Je le vis quelquefois avec du détachement et parfois de la colère. Je ne me reconnais pas du tout de la manière dont on veut me décrire. Je ne suis pas un enfant de coeur mais pas autre chose", lâche l'ancien "minot" de l'OM, qui n'a toutefois jamais caché être un ami d'enfance de Richard Deruda, fiché au grand banditisme.
Certains n'ont donc pas hésité à rapidement faire des amalgames lorsque Adrien, ancien braqueur, a été tué par balles. "Hormis quelques sales personnes [...], dans la grande majorité, les gens ont été gentils et corrects", explique-t-il, peut-être en référence aux Guignols de l'info contre lesquels il a porté plainte pour un sketch sur le "milieu" marseillais et le décès de son fils.
"On ne peut pas me faire plus mal que ce j'ai vécu"
Alors que sur le plan sportif, les choses s'arrangent un peu pour José Anigo et l'OM, qui occupe la 5e place de Ligue 1, le coach tente surtout de remonter la pente sur le plan personnel. "On essaie de se reconstruire avec ma famille mais je ne sais pas si on y arrivera. Quand je vois l'impact que cette absence a sur mes enfants, les enfants de mon fils...", raconte-t-il. L'échec sportif ou les critiques des supporters ne semblent en tout cas plus l'atteindre. "Le foot, dans ces moments-là, redevient très dérisoire, très secondaire. On ne peut pas me faire plus mal que ce que j'ai vécu", répète-t-il. Et on veut bien le croire...