En bonne élève de la classe des jeunes révélations, Joyce Jonathan avait bien mérité quelques vacances d'été. Mais les 700 commentaires inscrits depuis mardi sur sa page Facebook en réponse à sa consultation publique sur le choix de son prochain single sont éloquents : la rentrée a sonné.
Quelques heures auparavant, c'est, coïncidence amusante, au son de L'Heure avait sonné, titre d'ouverture de son album Sur mes gardes, qu'elle attaquait sa première rentrée "scrutée", en tant qu'artiste confirmée - un disque d'or pour gage -, au Studio SFR. Non pas tant qu'elle ait déserté la scène ces dernières semaines, puisqu'on l'a vue prendre part à un certain nombre de manifestations caritatives : Tout le monde chante contre le cancer, le Par Coeur Gala (émaillé d'un duo improvisé avec... Nikos Aliagas, sur Knockin' on Heaven's door), ou encore le gala Faire Face à l'Opéra d'Avignon en faveur des enfants malades. "Ils m'avaient contactée parce que deux petites filles chantaient mes chansons dans les couloirs de l'hôpital et qu'elles criaient mon nom. Je n'ai pas hésité une seconde", se remémore-t-elle, encore touchée.
Une rentrée en douceur
Mais ce showcase intimiste, assuré avec la simplicité rayonnante qui lui sied tant, donnait le coup d'envoi d'un automne chargé pour la chanteuse révélée par le label participatif MyMajorCompany. Comme un tour de chauffe avant une copieuse tournée programmée du 27 octobre au 27 novembre - entre-temps, elle aura apporté sa contribution au NRJ Music Tour le 23 octobre, ainsi qu'au concert en soutien à Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, otages des talibans, le 25 octobre.
Entourée de ses trois musiciens, Roman (guitare), Loïc (batterie), et Cyril (basse, claviers), cacophoniques quelques minutes avant en coulisses ("Ils sont très bruyants, et on est sur la route très souvent", lâche Joyce dans un rire), Joyce Jonathan succédait au génialement excentrique Philippe Katerine dans le Studio SFR. Le concept store de l'opérateur dédié à la musique et à l'innovation, en deux dates, marque déjà sa volonté d'être dans le tempo de l'actualité musicale et de concocter une programmation éclectique pour cette nouvelle saison d'événements.
Devant un public de happy few (invitations, places retirées le jour même au Studio SFR, dotations NRJ...) acquis à sa cause et groumand de dédicaces après le concert, la chanteuse, à quelques jours de ses 21 ans (le 3 novembre), a confirmé sa belle aisance sur scène, et la force de... sa douceur. Déroulant certains des titres de son album au arrangements ciselés par Louis Bertignac, à commencer par les singles, le déchirant Pas besoin de toi et le gaiment indécis Je ne sais pas (repris en choeur), mais également le très efficace Prend ton temps, Sur mes gardes (sans son duettiste Tété), s'asseyant trois minutes au clavier pour Un peu d'espoir. Et, bien sûr, son péché mignon (thé à la vanille et gâteaux au chocolat mis à part) : sa reprise épurée du Sexy Bitch de David Guetta. Des reprises et des surprises, elle en promet d'autres pour son show à la Cigale, une salle où elle a vu bien des concerts. Cette fois, elle sera tête d'affiche, le 27 octobre, dans sa ville, Paris.
En coulisses, c'est une demoiselle à peine moins effarouchée que lors de notre premier entretien, en début d'année, que nous retrouvons. Toujours fraîche et avide de vivre cette belle aventure, toujours souriante et accessible. Un peu plus libérée et malicieuse, aussi : "Je suis toujours un peu intimidée par ce que c'est ma nature. Mais je suis moins stressée qu'au début, je mets un peu moins de temps à faire mes phrases", admet-elle.
"Au début, je ne comprenais pas. Aujourd'hui, je l'assume complètement, je suis hyper heureuse !"
L'occasion pour nous de lui demander comment elle assume sa nouvelle notoriété, le passage des premières parties à la tête d'affiche : "L'adaptation se fait bien, j'en suis hyper heureuse. Au tout début, ça m'a fait un peu bizarre. Le fait, par exemple, que des gens m'arrêtent dans la rue pour avoir un autographe, je ne comprenais pas. A la fin des concerts, aussi. Aujourd'hui, je l'assume complètement, je l'ai intégré, je suis hyper heureuse. Je me dis que ça peut repartir comme c'est venu. J'ai fait un peu plus d'une vingtaine de concerts cet été, et je me souviens de tous. Je passe à chaque fois un moment différent. J'ai de super souvenirs. J'ai rencontré le public qui écoutait mes chansons, que je ne connaissais pas forcément. Quand je faisais les premières parties, les gens ne venaient pas pour moi. Je ne savais pas à quoi m'attendre et il se trouve qu'il est très varié, il y a autant d'hommes que de femmes. Depuis la sortie de l'album en janvier, je n'en connaissais pas du tout la portée. Et c'est par ce qu'il se passe en concert que je m'en rends compte." A en juger par son show au Studio SFR, elle a pris goût à faire chanter le public, et ses "na-na-na-na-na" et autres "tidudi" sont parfaits pour cela.
Sa notoriété, en tout cas, a même dépassé les frontières : elle fut la première surprise en découvrant le mail des producteurs de la série adulée des fashionistas Gossip Girl, qui a utilisé son titre L'Heure avait sonné pour un épisode : "J'étais surprise qu'ils demandent ce titre-là particulièrement, qui ne fait pas partie des deux singles. Cela veut dire qu'ils sont tombés sur l'album. Quelques semaines plus tard, j'ai pu entendre ma chanson pendant que Blair est en train de draguer devant un tableau. C'était super drôle de voir une série américaine reprendre ma chanson."
Un deuxième album ? "J'ai fait de nouvelles chansons... et j'écris pour d'autres"
Concentrée sur ses concerts à venir, Joyce Jonathan a toutefois l'horizon d'un deuxième album (qu'elle soumettrait à l'approbation de ses internautes-producteurs, comme le fit Grégoire avec son second album à paraître incessamment) en ligne de mire : "J'y réfléchis, j'ai fait de nouvelles chansons depuis la sortie de l'album, que j'ai envie de garder et que je verrais bien sur un deuxième album. Et il y a d'autres chansons qui n'avaient pas été retenues pour le premier. Le live, aussi, me donne d'autres envies, sur des arrangements, des rythmes..." Le rêve ultime ? "Un duo avec Paolo Nutini. J'adore ses chansons, sa voix. Mais c'est inatteignable..."Avec Bertignac ou pas ? "Je suis plus sensible aux arrangements. Le fait d'avoir travaillé avec Louis Bertignac, ça m'a beaucoup appris : j'ai vu sa manière de superposer plusieurs instruments. Je ne sais pas... Peut-être que cela pourrait se faire avec lui s'il en a envie. On verra en temps voulu. Pour le premier album, jamais je n'aurais pu imaginer que ça se ferait avec Louis Bertignac..."
Plume fertile, Joyce Jonathan n'est pas avare pour ce qui est de partager son talent. Et voilà que la vingtenaire, tout juste débarquée, écrit déjà pour d'autres : "J'ai écrit des chansons pour des gens, qui ne sont pas des duos. Pour Caroline Costa [elle a écrit le titre Le temps de revenir, NDLR], notamment, qui avait fait l'émission Incroyable Talent il y a quelques années et s'apprête à sortir un album [Qui suis-je, le premier single de la chanteuse de 14 ans, sortira le 8 novembre, NDLR]. Pour les autres, ce n'est pas fait, donc je n'en parle pas."
G.J.
Merci à Maud Bernos pour ses photographies du concert de Joyce au Studio SFR.