Juan Carlos Ier : Les paternités illégitimes du roi d'Espagne révélées ?

Si c'est une opération du poumon qui suscita l'inquiétude au printemps 2010, ce sont désormais les nerfs du roi Juan Carlos Ier d'Espagne qui risquent d'être mis à rude épreuve, avec la publication par José Maria Zavala d'une enquête sulfureuse intitulée Bastardos Y Borbones: Los Hijos Desconocidos De La Dinastia (Bâtards et Bourbons: les enfants inconnus de la Dynastie).

Comme son titre y engage ouvertement, l'ouvrage se plonge dans l'arbre dynastique de la maison royale de Bourbon et ses errements, pour exhumer les secrets, plus ou moins enfouis, plus ou moins sales, d'une famille riche en rejetons illégitimes. Les investigations de Zavala commencent avec l'odieuse reine Maria Luisa, qui fut l'épouse du roi Charles IV d'Espagne à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles et reste dans l'histoire comme une femme vicieuse, dépourvue de manières et hideuse (quoique plutôt gracieuse dans sa jeunesse, elle s'enlaidit terriblement, notamment au fil de ses treize grossesses), dont on est désormais presque certains que plusieurs de ses quatorze enfants ne furent pas du roi - son époux et cousin -, et dont un fut de son amant Manuel de Godoy, bras droit du roi. Passant notamment par les épisodes Alphonse XII et Alphonse XIII, fils (possiblement adultérin) et petit-fils de la très fertile Isabelle II qui eurent respectivement deux et trois enfants illégitimes (tour de force au crédit d'Alphonse XIII : l'un de ses rejetons issus de son idylle avec l'actrice Carmen Ruiz Moragas l'incarna même à l'écran en 1965), cette biographie exhaustive des Bourbon, étayée de documents inédits provenant des archives du ministère de la Justice, des Archives historiques nationales et du Palais Royal, mais aussi de témoignages, en vient jusqu'à l'actuel roi d'Espagne, lui attribuant la paternité de deux enfants illégitimes.

Officiellement, Juan Carlos est père de trois enfants très médiatisés et très impliqués dans la vie publique de la famille royale, en l'occurrence les infantes Elena et Cristina, et l'infant Felipe d'Espagne, issus de son mariage avec la reine Sofia, célébré il y a pas loin de cinquante ans (en mai 1962). Officieusement, il faudrait en compter deux de plus, selon Zavala, qui se refuse pour l'heure à toute déclaration et toute interview, probablement pour laisser le temps à son ouvrage de voir ses ventes décoller. Mais les médias européens battent déjà la brèche et spéculent : pour le Bild allemand, il apparaîtrait que l'un de ces rejetons serait un enfant adultérin, né alors qu'il avait déjà épousé Sofia. Le quotidien ibérique El Mundo, lui, revient sur les déclarations d'une Française née en 1954, Maria José Ruelle, qui prétend depuis des années qu'elle est la fille "du roi et de la princesse Marie-Gabrielle de Savoie, un flirt de jeunesse", souligne le Matin suisse, qui rappelle que la justice ne lui a toutefois pas accordé de test de paternité, en 2002. Le nom de Paola de Robilant, fille de Paola de Robilant, premier grand amour du roi, revient également.

Le palais royal s'est évidemment refusé à commenter ce qu'il a qualifié de "vieilles rumeurs". Une indifférence qui aura raison de la traînée de poudre, comme ce fut grosso modo le cas concernant la biographie non autorisée assassine du roi Carl XVI Gustav de Suède, ou qui attisera ces allégations confortant la thèse d'une dynastie récidiviste en la matière.

G.J.