Rien ne va plus pour l'ex-roi d'Espagne Juan Carlos, en exil volontaire depuis août 2020. L'ancien monarque tombé en disgrâce, qui a cédé son trône à son fils Felipe en 2014, est dans le collimateur de la justice. L'ex souverain âgé de 82 ans est visé par une troisième enquête judiciaire en lien avec le blanchiment de capitaux, a annoncé la justice espagnole vendredi 6 novembre, deux jours après la révélation par la presse d'une autre investigation sur le souverain.
Il existe "une troisième enquête visant le roi, ouverte après un rapport du service de prévention du blanchiment de capitaux (SEPBLAC)" et confiée au Tribunal suprême, seul habilité à juger un ancien souverain, a indiqué à la presse la procureure générale de l'État, Dolores Delgado, comme le rapporte l'AFP. Le parquet anti-corruption fera partie du groupe de travail chargé de cette enquête, a-t-elle ajouté. En revanche, elle n'a pas précisé les circonstances ou motifs à l'origine de cette nouvelle enquête. Il s'agit de la troisième investigation de la justice espagnole à l'encontre de Juan Carlos, alors qu'on apprenait récemment qu'une enquête sur des comptes bancaires qui auraient pu être utilisés par le roi sans qu'ils soient à son nom avait été ouverte fin 2019 dans le plus grand secret par le parquet anticorruption.
Juan Carlos, personnage sulfureux adepte de la chasse aux éléphants et serial lover aux milliers de conquêtes, est dans le viseur de la police espagnole et suisse. Le parquet a émis des commissions rogatoires à l'étranger afin de déterminer si l'argent présent sur ces comptes domiciliés en Espagne a été dissimulé au fisc espagnol, ont indiqué des sources judiciaires, sans préciser les pays faisant l'objet de ces commissions rogatoires. S'il est avéré que Juan Carlos a utilisé des fonds soustraits au fisc, il s'exposerait à des poursuites pour délit de blanchiment d'argent. Ces faits sont, en effet, postérieurs à son abdication, qui a entraîné la perte de l'immunité dont il bénéficiait en tant que chef de l'Etat.
La première enquête ouverte concerne de possibles délits de corruption dans le cadre de l'attribution à des entreprises espagnoles d'un contrat pour la construction d'un train à grande vitesse en Arabie saoudite en 2011. Au centre de l'affaire, un virement de 100 millions de dollars que, selon le journal suisse La Tribune de Genève, Juan Carlos aurait reçu en 2008 sur un compte en Suisse en provenance de l'Arabie saoudite.