Des milliers de femmes sont victimes de violences conjugales et vivent ce fléau dans le plus grand des silences. Parfois par peur, parfois par honte, parfois les deux. Ce silence, Judith Chemla le comprend mieux que personne puisqu'elle a été elle-même victime de violences conjugales.
À l'occasion de la sortie de son livre Notre silence nous a laissées seules aux éditions Robert Laffont, Judith Chemla a accepté de se livrer au magazine Elle et de revenir sur les raisons qui l'ont poussée à parler après avoir tout accepté : "C'est un mélange vital parce que ce que j'ai enduré me tuait de l'intérieur. Tant que je l'acceptais, cela me dévorait. Ce livre est l'histoire d'un réveil. Il m'a fallu beaucoup d'épreuves pour me sortir du sommeil."
Mère de deux enfants de deux pères différents, Judith Chemla dépeint un portrait peu flatteur des deux hommes qu'elle a côtoyés dans sa vie. Si le premier a révélé une facette sombre, le second est allé plus loin dans les actes, puisqu'il lui a levé la main dessus. Une situation que Judith Chemla n'a pas pu venir : "J'étais comme anesthésiée, coupée de mes sens. [...] Ma nature confiante m'a emmenée au-delà des limites tolérables, mais je ne m'en sens pas coupable. J'étais prisonnière d'une chaîne d'acceptation de violences physiques et psychologiques. [...] J'ai accepté l'inacceptable. Je suis désolé d'avoir toléré tout ça."
Le 4 juillet 2022, Judith Chemla se décide à parler. Sur Instagram, elle poste trois photos de son visage tuméfié, en sang et cerné par les bleus. Les photos auraient presque suffi à elles-mêmes pour faire comprendre aux internautes ce qui lui était arrivé, mais l'actrice a finalement dévoilé sa vérité : "Il y a un an, mon visage a été blessé, du bleu, du violet sur mon oeil, je me suis vue déformée. Il y a un an, j'ai regardé mon visage dans la glace et j'ai su que je ne pourrai plus me voiler la face. Le père de ma fille. Ceux qui sont capables de faire ça, il faut qu'ils soient hors d'état de nuire. Je n'ai pas honte de cette photo. Mais lui devrait avoir honte."
Au mois de mai 2022, le père de sa fille a été condamné à huit mois de prison avec sursis pour violences conjugales et abus envers la comédienne. Une condamnation qui n'a visiblement pas été suffisante comme elle le faisait savoir dans la suite de son post : "Il devrait avoir honte aujourd'hui, un an après, au lieu de continuer à faire pression sur moi, de penser qu'il a encore les moyens de me manipuler, au lieu de pourrir la tête de mon enfant. Il devrait avoir honte et se faire discret, recherché vraiment à être pardonné. Ce n'est pas le cas. J'ai tant de preuves qu'il continue d'essayer de me nuire." Presque deux ans plus tard, c'est sur le papier que Judith Chemla continue de se battre.