48 ans et une carrière bien remplie, Juliette Binoche reste une actrice à part, touchée par la grâce, et qui vit, trente ans après sa première rencontre avec le personnage de Camille Claudel, son rêve d'adolescente. Interprétant le célèbre sculpteur au beau milieu de son internement dans un asile psychiatre, Juliette Binoche touche du doigt avec une émotion particulière celle qu'elle rencontra, à 16 ans, dans les pages du roman d'Anne Delbée. "Une telle rencontre n'a rien d'éphémère, on ne peut pas l'oublier, elle nous éclaire toute la vie", avouera-t-elle lors d'une interview accordée au magazine Elle.
Camille Claudel 1915, dernier long-métrage de Bruno Dumont, se déroule durant l'hiver 1915. Internée par sa famille dans un asile du Sud de la France, Camille Claudel vit en recluse dans l'attente d'une visite de son frère, Paul Claudel. Dans le rôle principal, Juliette Binoche est terrifiée à l'idée de "ne pas réussir à côtoyer la folie", que cette dernière paraisse "stéréotypée, factice" aux côtés des véritables malades auprès desquels elle tourne. "Prise de quintes de peurs", Juliette Binoche s'est vendue corps et âme, au point de s'appeler Camille sur le tournage, "pour éviter que, si un résident improvise une phrase, il se trompe et [la] nomme Juliette".
Après de nombreuses expériences diverses, que ce soit chez Amos Gitaï, Danièle Thompson, Abbas Kiarostami ou Anthony Minghella, elle se dit "toujours prête à l'aventure". "C'est bizarre, plus on vieillit, plus on ose", lâche-t-elle. Ce qui explique sa performance dans Camille Claude 1915 qui la laissera dire : "Jamais je ne me suis dénudée plus que dans ce film !" Le film, sur les écrans dès le 13 mars, contraste avec le prochain tournage de l'actrice française, à savoir le blockbuster Godzilla.
Femme de mouvement, Juliette Binoche doit composer avec sa carrière mais également ses deux enfants. Raphael, l'aîné (bientôt 20 ans), fruit de sa relation avec André Hallé, et Hannah (13 ans), fille de Benoît Magimel, sont "[sa] vie, [son] ancrage". "Je choisis les endroits où vivre en fonction d'eux", précisant qu'actuellement, c'est Paris, son pied-à-terre. Qu'importe, "on est tous plus ou moins doués pour le bonheur", affirme-t-elle. Une condition sine qua non pour cette actrice de l'expression.
"Camille Claudel 1915", dans les salles le 13 mars 2013