Avec quinze jours d'avance sur The Big Lunch (le grand déjeuner), opération qui vise à encourager la liesse populaire et les banquets collégiaux le 3 juin prochain, à l'occasion des célébrations du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II, c'était déjà, vendredi 18 mai 2012, le big lunch pour la monarque de 86 ans : la souveraine, entourée de douze membres de la famille royale dont son époux le duc d'Edimbourg, recevait à déjeuner au château de Windsor un cortège de têtes couronnées, 26 souverains au total, en guise de mise en bouche aux festivités de ses 60 ans de règne. Un rassemblement spectaculaire, possiblement inédit depuis son couronnement en 1953. Et, malgré le climat tendu en toile de fond, tout le monde avait le sourire sur la photo-souvenir...
Les murs de Windsor doivent être bien hermétiques aux mauvaises vibrations. Car la présence de certains dirigeants sur la guest list et à la table de la reine a suscité un tollé dans l'opinion publique, poussant les défenseurs des droits de l'Homme à clamer leur désapprobation mercredi dans les rues de Londres : en l'occurrence, Hamad ben Issa Al-Khalifa, 12e roi de Bahreïn, conspué suite aux exactions et à la répression sanglante (via le décret de l'état d'urgence et l'instauration de la loi martiale) des manifestations découlant du printemps arabe (qui l'avaient d'ailleurs poussé, face à la pression de l'opinion, à décliner son invitation au mariage du prince William et Kate Middleton), et Mswati III, monarque absolu du Swaziland, avide de toujours plus de luxe avec ses treize épouses tandis que son pays meurt de faim et gît dans un état de pauvreté quasiment sans égal. Dans une moindre mesure, la venue des souverains d'Arabie saoudite et du Koweit était également sujette à controverse. S'ajoutait encore au scandale de ces invités épineux l'embrouille de dernière minute survenue avec la reine Sofia d'Espagne, qui a annulé 48 heures avant le rendez-vous sa venue à Londres en réaction à la décision du prince Edward, quatrième enfant d'Elizabeth II, de se rendre en visite officielle à Gibraltar, dont Madrid revendique la souveraineté, avec son épouse la comtesse Sophie de Wessex. Un imbroglio hérité du traité d'Utrecht ratifié en 1713, dans lequel l'Espagne cédait le rocher à la Grande-Bretagne.
Malgré ces hors-d'oeuvre passablement indigestes, la réunion de têtes couronnées s'est déroulée sans accroc, indéniablement illuminée par la présence de Kate Middleton, définitivement exquise dans une robe rose tendre Emilia Wickstead (1500 euros, tout de même !), et de la princesse Charlene de Monaco aux cheveux courts, presque complémentaire dans sa veste de tailleur satinée aigue-marine griffée Dior. Les deux femmes ont semblé parfaitement à l'aise, discutant plaisamment, et la belle Catherine a poursuivi ainsi son immersion dans les hautes sphères royales, se fondant dans son nouveau milieu avec une aisance incroyable, discutant avec une égale disponibilité avec l'ex-roi Siméon de Bulgarie ou l'ancienne reine Anne-Marie de Grèce, entre deux plaisanteries avec la reine Rania de Jordanie, absolument somptueuse.
La princesse monégasque était invitée avec son époux le prince Albert II de Monaco, tandis que la duchesse de Cambridge était avec son mari le prince William et son beau-frère le prince Harry, dont on vient d'apprendre qu'il jouerait du tambourin pour la chanson du jubilé que compose Gary Barlow (Take That) en l'honneur de la reine Elizabeth II. Le prince Andrew, duc d'York, était également, avec ses filles les princesses Beatrice et Eugenie (toujours bien minces et bien élégantes), au nombre des douze membres de la famille royale présents (dont le comte et la comtesse de Wessex) pour accueillir à Windsor, à partir de 12h30, les souverains invités, venant de 26 pays. La séquence des arrivées, la reine et le prince Philip attendant leurs hôtes sur le tapis rouge, a été assez édifiante, offrant un spectacle varié dans le respect du protocole : baiser sur la main et sourires du roi Harald V de Norvège et de la reine Sonja, poignée de main franche et courte révérence du prince Albert et de la princesse Charlene de Monaco, révérence plus appuyée de la part de la princesse Lalla Meryem du Maroc, bises appuyées du grand-duc et de la grande-duchesse de Luxembourg, ou encore chaudes embrassades entre la monarque anglaise et sa cousine Beatrix des Pays-Bas... Splendide.
A table, les invités ont été traités à base de spécialités britanniques (tartelette d'oeuf poché et asperges anglaises, agneau de Windsor et légumes variés, fraises du Kent et charlotte vanillée). Les mêmes convives seront en soirée gratifiés d'un dîner offert par le prince Charles de Galles et son épouse Camilla, duchesse de Cornouailles.
A l'occasion de ce rassemblement à Windsor, tout le monde a pris la pose autour de la reine Elizabeth II dans le grand salon de réception de Windsor : l'empereur du Japon Akihito, qui a profité la veille de l'opportunité de faire un peu de tourisme à Londres avec sa femme l'impératrice Michiko, la reine Beatrix des Pays-Bas, la reine Margrethe II de Danemark, l'ancien roi Constantin de Grèce (venu avec la reine Anne-Marie), l'ancien roi Michel Ier (Mihai I) de Roumanie, l'ancien roi Siméon de Bulgarie, le sultan de Brunei, le roi Carl XVI Gustaf de Suède, le roi Mswati III du Swaziland, le prince Hans-Adam II de Liechtenstein étaient assis au premier rang avec la reine ; derrière eux, debout, se trouvaient le prince Albert II de Monaco, le grand-duc Henri de Luxembourg (présent avec la grande-duchesse Maria Teresa), le roi Letsie III du Lésotho, le roi Albert II de Belgique, le roi Harald V de Norvège (venu avec la reine Sonja), l'émir du Qatar Hamad bin Khalifa al-Thani, le roi Abdullah II de Jordanie (accompagné par une reine Rania absolument somptueuse), le roi du Bahreïn, le roi Abdul Halim Muadzam Shah ibni al-Marhum Sultan Badishah de Malaisie ; et, au troisième rang, l'émir Nasser Mohamed Al-Jaber Al-Sabah du Koweït, l'émir Khalifa ben Zayed Al Nahyane d'Abou Dhabi, le prince héritier Alexandre de Yougoslavie, le roi Tupou VI de Tonga, le prince héritier de Thaïlande, la princesse Lalla Meryem du Maroc, le prince Mohammed bin Nawaf bin Abdulaziz Al Saud d'Arabie saoudite.
G.J.