Si la fatigue de sa vie de mère de trois enfants et de la soirée de fête de la veille au palais de Buckingham pour les 70 ans du prince Charles se faisait sentir, Kate Middleton n'en laissait rien paraître, dans la matinée du jeudi 15 novembre 2018.
Dégageant au contraire une belle énergie, bien aidée par sa robe Emilia Wickstead d'un bleu sarcelle tonique (issue de le collection automne-hiver 2013 de la styliste néo-zélandaise), déjà portée en 2014 en tournée en Nouvelle-Zélande et en 2015 lors d'une visite dans un centre de désintoxication, la duchesse de Cambridge a fait avec son mari le prince William une visite surprise dans les locaux de la BBC à l'occasion de la Semaine contre le harcèlement.
Très engagés contre le bullying – le harcèlement et les intimidations sous diverses formes – à travers notamment Heads Together, leur grand mouvement en faveur de la santé mentale, le duc et la duchesse de Cambridge souhaitaient voir comment le grand groupe audiovisuel mène ce combat, en tant que membre clé d'un groupe d'action contre le cyber-harcèlement fondé en 2016 par William (avec un accent mis sur les jeunes de 11 à 16 ans).
Après leur arrivée dans les locaux de la BBC, sous le regard de centaines de personnes comme on le constate dans la courte vidéo qu'a partagée le palais de Kensington, Kate et William ont pris place sur le canapé du programme The One Show pour discuter avec trois élèves d'école primaire d'une nouvelle application, Kids Online Wellbeing, destinée à contrer les facteurs de mal-être en milieu scolaire. Ils avaient également rendez-vous avec les jeunes auteurs d'une vidéo de sensibilisation baptisée Stop, Speak, Support, pensée comme un guide pour savoir comment réagir face au cyber-harcèlement, ainsi qu'avec des parents et des jeunes qui ont aidé la BBC à développer son arsenal d'actions.
En tant qu'instigateur de la taskforce qui s'est vu assigner cette mission de lutte contre le harcèlement, avec le soutien de la Fondation royale, le prince William s'est exprimé, partageant sa vision de ces problématiques : "Nous devons admettre que l'essentiel de l'optimisme et de l'espoir que nous placions au début dans les réseaux sociaux laissent place à une inquiétude très concrète et même à de la peur concernant leur impact sur notre vie, a-t-il commencé par dire. Nous avons vu que la technologie peut permettre de développer une communauté virtuelle autour d'un centre d'intérêt commun mais peut aussi être utilisée pour la violence organisée. Les nouveaux moyens d'accéder à l'information mondiale favorisent aussi la mésinformation et la conspiration, polluant la sphère publique. Les outils que nous utilisons pour nous féliciter les uns les autres dans nos accomplissements et nos succès peuvent aussi être utilisés pour normaliser des discours remplis d'aigreur et de haine. Les applications dont nous nous servons pour nous faire de nouveaux amis permettent aussi aux harceleurs de traquer leurs cibles même après avoir quitté la salle de classe ou le terrain. Quand je travaillais comme pilote d'ambulance aérienne ou que je parcourais le pays en campagne pour la santé mentale, j'ai vu des familles marquées par la perte ultime. Dans bien trop de cas, les réseaux sociaux et les messages faisaient déborder le vase du vieux problème du harcèlement, poussant des enfants à mettre fin à leur jour, pensant que c'était sans issue."
Et de poursuivre avec humeur, quant à l'avenir : "Je n'ai pas les réponses, mais j'ai les moyens d'inviter les leaders et les chercheurs les plus brillants à s'asseoir ensemble autour de la table et à voir ce qu'on peut faire ensemble pour rendre le monde virtuel plus sûr. (...) Je suis inquiet de voir que nos grandes entreprises de la technologie ont encore beaucoup à apprendre quant à la responsabilité qui découle de leur pouvoir conséquent. Et je suis très préoccupé que, devant tous les défis qu'ils doivent affronter – fake news, extrémisme, polarisation, incitation à la haine, trolling, santé mentale, vie privée, harcèlement –, nos dirigeants de la tech semblent être sur la défensive. L'image qu'ils ont d'eux-mêmes est tellement basée sur leur pouvoir à faire le bien qu'ils ont l'air incapables d'entamer une discussion constructive sur les problèmes sociaux qu'ils créent. Vous pouvez refuser de faire le choix du profit plutôt que des valeurs. Vous pouvez choisir de faire le bien et réussir. Vous pouvez oeuvrez dans l'intérêt des enfants et des parents qui utilisent vos produits et satisfaire quand même vos actionnaires."
Un discours musclé !