Lorsque Kate Middleton apparut au bras du prince William le 16 novembre dernier dans les salons du palais St James, dans les minutes qui suivirent l'annonce de leurs fiançailles, le nom de Lady Diana, la très regrettée mère du jeune prince de Galles, ne tarda pas à fuser : en cause notamment, la splendide bague sertie d'un saphir arborée par l'élue du coeur de William, qui fut jadis celle portée à l'annulaire par Diana, reçue au début de l'année 1981 de celui qui deviendrait son époux en juillet de cette même année - le prince Charles.
Le prince William avait assumé avec émotion son choix de transmettre ce bijou à haute valeur sentimentale : "ma façon de faire en sorte que ma mère ne rate pas ce jour, l'émotion et le fait que nous allons passer le reste de notre vie ensemble".
Si la bague cristallisa les rapprochements faits entre la princesse diparue tragiquement en 1997 et la future princesse Catherine, ils ne s'en tinrent pas là : d'abord parce que les futurs mariés ont eu tôt fait d'indiquer qu'ils désiraient un mariage simple, proche du peuple, et dont les cadeaux reçus soient faits sous forme de dons au profit d'un certain nombre de bonnes oeuvres choisies par eux, mais ensuite parce que la voracité des médias envers Kate Middleton et la pression de la future mission de la jeune roturière rappelaient férocement le destin de Diana, dont l'entrée dans la famille royale avait été dramatiquement aliénante.
Kate Middleton épargnée... grâce aux enseignements de Diana ?
Rapidement après l'annonce des fiançailles, la couronne signifiait son désir de protéger la fiancée de William, de l'éduquer en douceur à son destin de princesse afin qu'elle ne s'y abîme pas comme Diana. La leçon avait été retenue.
Depuis le mois de décembre 2010, la demoiselle de 29 ans se fait la main, s'acquittant de ses premières missions officielles auprès de son prince. Si ces sorties sont hautement médiatisées, criblées de photos, aucune incursion des médias dans le quotidien du couple n'est à signaler. Le résultat d'une bonne intelligence entre la famille royale et les médias.
L'AFP se penche précisément sur cette question et sur le "gentlemen's agreement" qui consiste en l'engagement moral tacite de la presse de ne pas épier la vie privée des têtes couronnées ni publier de paparazzades, consultant divers spécialistes britanniques en la matière : "les leçons de la furie médiatique autour de Lady Diana ont été tirées et la future mariée sera mieux protégée."
L'art de se mettre les médias dans la poche...
Plusieurs aspects déterminent ce modus vivendi convenable pour les deux parties :
- en premier lieu, la mort tragique de Diana a mis un terme radical à la course-poursuite permanente dans laquelle elle était entraînée par les photographes de la presse à scandales, perpétuellement à ses trousses. L'accident fatal de 1997 a en quelque sorte joué le rôle de sanction envers l'avidité coupable des médias, et leurs relations avec la royauté se sont progressivement apaisées.
- Découlant de cet épisode, une entente de type donnant-donnant s'est instaurée : la famille royale expose volontairement aux médias ses membres dans les conditions jugées opportunes par elle, en échange de quoi les médias s'en contentent globalement - les paparazzades fréquentes des princesses Beatrice et Eugenie d'York lors de leurs escapades nocturnes sont quasi-institutionnelles. Ce mode de fonctionnement vaut aussi pour William et Kate : "Il y a des gens dans leur entourage qui comprennent les besoins des médias et du public". C'est à ces besoins qu'entendent répondre la mise en ligne d'un site officiel consacré à leur mariage et à leurs activités, ainsi que le dispositif télévisé de diffusion de la noce ou encore son enregistrement sonore par le label Decca, disponible en téléchargement dans les heures suivant la cérémonie (le disque de la messe, lui, sera proposé à partir du 5 mai). Conséquence : leur intimité devrait être respectée, "pourvu qu'on leur [les médias] donne suffisamment d'occasions pour faire des photos et des interviews." C'est dans ce sens qu'il faut percevoir la mise en scène des mariés, depuis leur première interview post-fiançailles jusqu'aux premiers engagements officiels de Kate Middleton.
- Conséquence directe de cette exposition volontaire, une médiatisation contrôlée, les scènes officielles étouffant la tentation de la paparazzade. Le retour très médiatique de Kate et William à l'Université écossaise de St Andrews où naquit leur idylle en est l'exemple type : "Une fois que vous avez saturé le marché avec ces photos, cela réduit l'espace pour les photos de paparazzi", analyse Max Clifford, conseil en relations publiques pour de nombreuses célébrités, qui remarque par ailleurs que cette façon de procéder entretient la popularité de la famille royale et permet à "la monarchie de continuer de régner sur ce pays".
"Mais s'il y a une histoire fantastique..."
Au-delà de cette bonne accointance, il existe encore pour la famille royale le cadre légal et la possibilité de la répression. Dans un passé récent, et malgré un dispositif de protection de la vie privée renforcé (législation dont ne bénéficia pas Diana), Kate Middleton a obtenu réparation pour la publication non autorisée de photos et a pu empêcher la parution de certains clichés.
Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Oui, tant qu'un événement extraordinaire ne vient pas bouleverser l'équilibre... Interrogée par l'AFP, Jenny Afia, membre d'un cabinet d'avocats spécialistes des médias, prévient : "Mais s'il y a une histoire fantastique qui vaut le coup de compromettre l'accord, le média ne pourra pas résister." Le type de prophétie dont on se souviendra quant la princesse Catherine sera enceinte...
G.J.