Peser le moindre mot. C'est ce que Kate Winslet a fait dimanche 28 janvier 2018, alors qu'elle prenait part aux London Critics Circle Awards. C'est lors de cette cérémonie, où elle recevait un prix d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, que la comédienne britannique a décidé de sortir enfin de son silence. Sans dûment nommer Harvey Weinstein et surtout Woody Allen, alors qu'elle sera à l'affiche de son prochain film, Wonder Wheel, l'actrice a fait part de ces "regrets amers d'avoir décidé de travailler avec ces individus".
Sans se trouver d'excuses, elle a commencé son émouvant discours en affirmant qu'il "y a des réalisateurs, des producteurs et des hommes de pouvoir que l'on a célébrés et applaudis pendant des décennies pour leur travail estimable" et que "certains acteurs ont eu de belles carrières grâce à leurs films". Et Kate en est. Son premier gros film, Créatures célestes (sorti en 1994), avait été financé par Miramax et donc par Weinstein. Quinze ans plus tard, en 2009, elle remportait enfin l'Oscar de la meilleure actrice pour The Reader, un drame financé et distribué par les frères Weinstein. À l'époque, lors de son discours de remerciements, elle avait volontairement oublié de mentionner le futur producteur déchu...
À Londres dimanche soir, c'est une actrice pleine de remords qui a brisé le silence. "Des femmes dans le monde entier ont marché dans les rues le week-end dernier contre le harcèlement, l'exploitation et les abus. Dans ce contexte, je ne peux m'exprimer devant vous et garder pour moi mes regrets amers d'avoir décidé de travailler avec ces individus. J'aurais aimé ne pas l'avoir fait", assure-t-elle.
Et elle continue, en prenant bien soin de ne pas nommer Woody Allen et Harvey Weinstein. "Il est clair pour moi désormais qu'en ne disant rien, on ajoute à la douleur de beaucoup d'hommes et de femmes courageux. Les violences sexuelles sont des crimes", a-t-elle rappelé en affirmant que "même s'il revient aux tribunaux de juger, c'est notre devoir à tous de continuer à écouter même les voix les plus faibles".
Kate Winslet ajoute donc son nom à la liste de comédiens et ex-muses de Woody Allen, dont Greta Gerwig, Rebecca Hall ou Thimothée Chalamet, à dénoncer le cinéaste new-yorkais et affirmer qu'elle ne retravaillera plus jamais avec lui. En revanche, Justin Timberlake – qui partage l'affiche de Wonder Wheel et a été plusieurs fois interpellé sur sa participation au film – n'a pas (encore) réagi...