A être mariée à un trublion telle que Russell Brand et à avoir souvent assaisonné sa pop bubble-gum de clips ado-contestataires depuis I Kissed A Girl, on aurait tendance à vouloir cataloguer Katy Perry "éternelle teenager", du haut de ses 27 ans pleins de couleurs et de fantaisie. Mais la chanteuse californienne a pourtant choisi, avec le sixième et dernier single extrait de son troisième album Teenage Dream, de prendre le contrepied avant de passer à la suite...
Pour le clip de The One That I Got Away, dévoilé le 11 novembre 2011 (une date "parfaite" - 11/11/11 - qui a donné des idées à beaucoup), Katy Perry voyage dans le futur et se place dans la peau ridée et marquée, par les épreuves autant que les ans, d'une vieille dame se retournant avec nostalgie et remords, même, sur sa vie passée, ses ratés... Entre un Benjamin Button sans jouvence et un Ghost sans poterie - mais avec de la peinture et de l'encre -, elle s'y remémore avec force flashbacks doux-amers et cruels comment elle a perdu son amant, tragiquement tué dans un accident après une dispute à jamais irrésolue. Un amant - et son fantôme - incarné par le sex-symbol mexicain Diego Luna (Criminal, Milk, prochainement Contraband) devant la caméra de Floria Sigismondi, qui, après d'anciennes collaborations marquantes avec David Bowie et Marilyn Manson dans les années 1990, et après s'être éclectiquement signalée plus récemment avec Blue Orchid des White Stripes, Supermassive Black Hole de Muse, Hurt de Christina Aguilera, Broken Boy Soldier de The Raconteurs ou encore Die by the drop de The Dead Weather, avait déjà mis ses talents au service de Katy Perry pour E.T., extrait de l'album Teenage Dream. Un clip qui avait reçu deux MTV VMA's - meilleure collaboration, meilleurs effets spéciaux.
Les effets spéciaux sont au rendez-vous, mais Katy Perry délaisse son candy world adulescent pour plonger en plein drame, avec plus ou moins de réussite si l'on considère qu'elle applique à son nouveau terrain de jeu les mêmes codes très ados (les tatouages en forme de coeur identiques des amants, c'est d'une originalité et d'une subtilité...). Une passion adolescente et insouciante, une dispute et des larmes, une tragédie et une vie gâchée, rien de neuf sous le soleil, même si le tout est néanmoins joliment mis en scène. Une version longue (7 minutes) a même été présentée sur grand-écran avec la sortie du film My Week with Marilyn. Il ne suffit toutefois pas de caser du Johnny Cash (You are my sunshine) dans le texte et dans la bande originale de son excursion sur le lieu du drame, où la Mustang de son bien-aimé a filé droit dans le vide, pour changer de dimension... On lui accordera toutefois de n'avoir pas fait de placement produit avec son parfum Meow au flacon en forme de chat. Encore que, elle peut bien faire ce qu'elle veut, rien n'enraye la machine à vendre : Katy Perry est devenue fin octobre la première artiste à vendre plus de 5 millions d'unités digitales de trois de ses morceaux aux Etats-Unis.