Elle n'en pouvait plus. Ennuyée, mais aussi agacée, Kristin Scott Thomas arrête brutalement sa carrière, vingt ans après avoir été révélée au grand public dans Quatre mariage et un enterrement. Au Guardian, à qui elle révèle sa décision, l'actrice britannique et francophone explique ses choix, motivés par un désir de ne plus servir de caution à des projets fragiles.
Autant dire qu'il s'agit d'une perte pour le cinéma, britannique comme français. Élégante, magnétique et toujours juste, Kristin Scott Thomas n'a jamais failli, sans pour autant avoir eu l'occasion de briller à la hauteur de son talent sous-estimé. C'est justement ce qui a contraint la comédienne de 50 ans à stopper brutalement sa carrière, après avoir traversé un long spleen empli de désespoir depuis la fin de l'été dernier. "Je me suis dit tout d'un coup que je ne pouvais pas faire face à un autre film. J'ai réalisé que j'ai fait des choses que je sais faire plusieurs fois, et dans différentes langues. Et que je ne pouvais pas faire plus. Alors j'arrête", avoue-t-elle sans détour au Guardian.
Elle poursuit en expliquant que de récents projets lui ont ouvert les yeux sur l'actrice qu'elle était : "On m'a souvent demandé de jouer dans des films pour apporter une sorte de poids à une production fragile. On me donne un petit rôle dans lequel ils savent que je vais être en mesure de jouer et de pleurer au bon moment", explique la comédienne. "Je ne vais pas cracher dans la soupe, mais je continue à faire ces choses pour d'autres personnes. Et l'année dernière, j'ai décidé que la vie était trop courte. Je ne veux plus avoir à le faire."
L'actrice, que l'on avait vue lascive et délirante en mère castratrice dans Only God Forgives, tacle également le cinéma américain, pour qui elle tourne parfois : "Je ne peux pas supporter d'être assise pendant des heures dans une grosse remorque de luxe, dans l'attente, en m'ennuyant." Une carrière hollywoodienne qu'elle a refusée à maintes reprises (malgré des apparitions remarquée dans Mission Impossible, L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux), notamment après le succès Quatre mariages et un enterrement. Du Patient Anglais (nomination à l'Oscar de la meilleure actrice) à Bel Ami, la carrière de Kristin Scott Thomas est effectivement passée de la lumière à la pénombre. En France pourtant, l'actrice restait très appréciée. De ses débuts chez Mocky (Agent trouble, en 1987) à Elle s'appelait Sarah, en passant par Ne le dis à personne, ses rôles séduisent. Preuve en est avec les trois nominations au César de la meilleure actrice avec Il y a longtemps que je t'aime, Partir et, bien sûr, Elle s'appelait Sarah, dernier film qui l'avait poussée dans ses retranchements.
Si elle arrête le cinéma (on doit encore la voir dans La femme invisible, Suite française, My Old Lady et My Kitchen Boy), Kristin Scott Thomas n'a pas fait une croix sur les planches. L'amour du théâtre reste fort, elle qui a reçu de grands prix majeurs ces dernières années, deux Laurence Olivier Awards de la meilleure actrice pour La mouette (2010) et Trahisons (2013).